Cette personnalité très connue et appréciée de l’édition italienne a décidé de quitter le groupe pour lequel elle travaillait depuis vingt-cinq ans précisément parce qu’elle était en profond désaccord avec cette vente et la naissance du géant baptisé "Mondazzoli" par beaucoup de l'autre côté des Alpes. À plusieurs reprises, elle avait exprimé publiquement son inquiétude face à la position dominante du nouveau moloch de l’édition italienne. Elle a donc sauté le pas et quitté Bompiani avec Mario Andreose, directeur littéraire de RCS libri, et l’éditeur Eugenio Lio.
Au Corriere della Sera, l’éditrice italienne de Michel Houellebecq, Svetlana Alexievitch et Thomas Piketty a déclaré qu’à l’origine de sa décision il n’y aurait pas de raisons politiques, ni la peur d’un manque de liberté chez Mondadori, mais simplement le fait que « dans un pays comme l’Italie, si un groupe contrôle 38% du marché, la pluralité devient à risque ».
Plusieurs auteurs Bompiani ont déjà annoncé leur intention de suivre Elisabetta Sgarbi, à commencer par Umberto Eco, qui est même un actionnaire de poids de la nouvelle maison d’édition. Et avec lui, Sandro Veronesi, Susanna Tamaro, Tahar Ben Jelloun, Michael Cunningham, Hanif Kureishi, Edoardo Nesi, Nuccio Ordine, Mauro Covacich, Sergio Claudio Perroni, Lidia Ravera, Furio Colombo et beaucoup d’autres. L’ex-directrice de Bompiani ne désespère pas de convaincre également Houellebecq, Coelho et Piketty.
Parmi les actionnaires qui ont permis la naissance de La nave di Teseo figurent notamment Jean-Claude et Nicky Fasquelle, amis de longue date d’Umberto Eco et Elisabetta Sgarbi, mais aussi l’entrepreneur et écrivain Guido Maria Brera. La nouvelle maison d’édition, dont le nom est tiré d’un passage des Vies parallèles de Plutarque, aura son siège à Milan. Elle compte publier une cinquantaine de titres par an, entre romans, essais et livres de poésie. Les premiers volumes devraient être présentés au prochain Salon du Livre de Turin, en mai 2016. La distribution et la diffusion seront assurées par Messaggerie et Feltrinelli.
Pour le moment, Mondadori n’a pas souhaité commenter le départ d’Elisabetta Sgarbi.