La réalisatrice Sophie Stark, tout le monde en parle. L’héroïne du roman d’Anna North - son deuxième après America pacifica (2011), pas encore traduit en France - est plutôt du genre retors. On peut rapidement le vérifier dans chacun des portraits faits d’elle par les gens l’ayant croisée à un ou plusieurs moments de leur existence.
Essayons de résumer. La demoiselle a grandi dans l’Iowa. Elle a des cheveux noirs, un visage anguleux. On la dit petite, avec un air de souris, des pieds longs et fins, gracieux. Son frère Robbie ne l’a vue pleurer qu’une fois, à l’âge de 9 ans. C’est lui qui révèle au lecteur qu’elle s’est d’abord appelée Emily Buckley avant d’opter pour le pseudonyme de Sophie Stark. A la fac, il lui arrivait de porter des robes à fleurs ou de s’habiller en garçon. Du temps où elle était amoureuse de Daniel Vollker, un sportif qui ressemblait "à la star d’un film de science-fiction sur le génie génétique". Les films, voilà sa grande affaire. Le premier a été un court-métrage sur le Daniel en question. Plus tard, il y a eu un clip pour la chanson Deep d’un groupe de rock dont le chanteur l’a entendue expliquer : "Je crois que je suis comme les crabes qui se construisent avec des parties d’autres animaux."
A Allison, qui a été son amante et qui a joué sous sa direction dans Marianne, Sophie affirmait que c’est en tournant des films sur les gens qu’elle apprend à les connaître. Quitte à les brusquer pour les faire sortir d’eux-mêmes. On y accompagne des hommes et des femmes qui se sont dévoilés devant Sophie. Une Sophie énigmatique, complexe et douée pour susciter les confidences. Surtout celles venant d’oiseaux blessés. Al. F.