A ceux qui s'interrogent, voire qui s'inquiètent en observant la distance parfois prise avec le livre par des bibliothèques redéfinies comme « tiers lieux » entre domicile et travail, Malik Diallo oppose une explication simple. « La fonction de base de la bibliothèque reste l'accès à la connaissance, rappelle le jeune président de l'Association des directrices et directeurs des bibliothèques municipales et groupements intercommunaux des villes de France. Avant il passait par le livre, aujourd'hui il y a une multitude d'outils, dont Internet ». Se rencontrant pour la première fois, à l'initiative de Livres Hebdo, les présidents des quatre principales associations de bibliothécaires témoignent, au-delà de leur métier, d'évolutions qui traversent l'ensemble de la société.
Pour eux, la bibliothèque se définit aujourd'hui avant tout comme « un projet politique ». Besoin d'« alphabétisation numérique », y compris dans les bibliothèques universitaires, aide à l'exercice de la citoyenneté, circulation de l'information scientifique, aménagement culturel des territoires, inscription dans des réseaux collaboratifs facilitant le lien social et, bien sûr, accès à la lecture publique... Les bibliothécaires sont en première ligne dans de multiples domaines qui touchent, à travers la culture et l'éducation, aux fondements de la démocratie du XXIe siècle.
Cet élargissement du champ d'action des bibliothèques ne nuit pas forcément au livre, auquel il peut même ouvrir de nouveaux horizons. Du prêt d'ouvrages qui, par le biais des acquisitions qu'il implique, profite à tous les acteurs du secteur, aux partenariats de projets établis avec des libraires, les bibliothécaires revendiquent fièrement leur participation à la chaîne du livre. À défaut de soutenir directement l'économie du livre, pointe Xavier Coutau (Association des bibliothécaires départementaux),« notre rôle est de contribuer à bâtir une nation de lecteurs qui, eux, feront vivre l'édition ».