"L’expérience m’a confirmé que c’était bien le projet qu’il fallait faire sur ce territoire, soutient celle qui a passé vingt ans dans le spectacle vivant et l’évènementiel avant de se tourner vers les livres. Et je reste archiconvaincue que, dans les milieux très ruraux et certains quartiers urbains, l’itinérance est l’une des meilleures solutions pour avoir un commerce et surtout créer du lien." Le Covid lui aura d’ailleurs démontré combien elle a su s’installer dans le quotidien des gens.
Se réinventer
Alors qu’elle bataille avec les préfectures pendant le dernier confinement pour avoir le droit de s’installer sur les marchés, réservés aux commerces alimentaires et de graines malgré le caractère essentiel de la librairie, elle a obtenu gain de cause grâce à l’aide de certains clients. "Ce sont ces solidarités inattendues, tous ces gestes de soutien et toute la fidélité qu’ils m’ont témoignée qui m’ont fait grandir et qui donne un sens particulier à mon activité", reconnaît Pascale Girard.
Très mobilisée tout au long de l’épidémie pour assurer le commerce du livre dans sa vallée jusqu’à parfois faire "du deal de livres au cul de la voiture ", la libraire a également profité de la crise pour réfléchir à son métier et se réinventer.
Structurer différemment le CA
La disparition des festivals et des évènements culturels en 2020, qui lui fournissaient jusqu’à 30 % de son chiffre d’affaires (150 000 euros), l’a confortée dans sa volonté "d’articuler différemment le CA". Elle a donc doublé ses présences sur certains marchés de fin de semaine, "un plaisir insoupçonné" pour celle qui "redoute plus que tout la routine". Pour répondre à de nombreuses demandes mais aussi "à une envie", elle s’est formée auprès de l’École du livre de jeunesse de Montreuil afin d’accroître et de diversifier son activité de médiation. Elle a en outre lancé cet été une formule d’abonnement pour enfants, à la manière de ce que propose l’École des loisirs.
Consciente que la librairie itinérante n’est "pas adaptée à toutes les personnalités", Pascale Girard ne regrette à aucun moment son projet "un peu fou" et tous ses hivers passés "en boots et en bonnet dans un camion à 8°. Aujourd’hui, je sais exactement pourquoi je fais ce métier et ce que j’apporte aux gens. C’est le cadeau que m’a offert le Mokiroule".