Face à la prolifération des téléchargements illégaux sur Internet des animés et des mangas – véritable fléau causant de « graves » dégâts à l’industrie -, l’agence culturelle japonaise a annoncé vouloir exploiter l’intelligence artificielle (IA) pour lutter contre le phénomène.
« Les détenteurs de droits d'auteur consacrent une part importante de leurs ressources humaines à essayer de détecter manuellement les contenus piratés en ligne », a déclaré mardi 3 décembre Keiko Momii, une responsable de l’organisme nippon, auprès de l’AFP. À l’heure actuelle, la prolifération des téléchargements illégaux est telle que les détenteurs de contenus peuvent « à peine suivre » le rythme, selon l’agence.
Une prolifération des téléchargements illégaux
Et pour cause : à ce jour, il existe plus de 1 000 sites Internet partageant gratuitement et illégalement des mangas japonais, dont environ 70 % offrent des traductions en langues étrangères, notamment l'anglais, le chinois et le vietnamien, selon un groupe d'éditeurs japonais.
La situation a suscité des « appels à l'automatisation de ce processus », impliquant le recours à l’IA pour permettre l’identification des contenus piratés, a déclaré Keiko Momii, ajoutant que l'agence s'est inspirée du programme anti-piratage sud-coréen, également assisté par l'IA.
Dans le cadre de cette initiative pilote, conduite sous l'égide de l'agence, l'IA sera entraînée à parcourir Internet à la recherche de sites pirates, en utilisant son système de détection d'images et de textes. En cas de succès, le système pourrait être appliqué à d'autres secteurs de contenus, tels que la musique et le cinéma, a déclaré l'agence.
Une industrie lucrative
Cette stratégie, dont le coût est estimé à 300 millions de yens (1,9 million d'euros), est prise en compte dans le projet de budget supplémentaire de l'agence culturelle pour l'exercice fiscal actuel, qui s'achèvera le 31 mars prochain.
Berceau de mangas mondialement connus à l’instar de Dragon Ball, ou de séries de jeux vidéos comme Super Mario ou Final Fantasy, le Japon considère les industries créatives comme un important moteur de croissance, au même titre que l’acier ou les semi-conducteurs.
Dans sa stratégie « Cool Japon » révisée et publiée en juin, le gouvernement a déclaré qu'il entendait porter les exportations de ces biens culturels à 20 000 milliards de yens (127 milliards d'euros) d'ici à 2033. En 2022, les secteurs japonais du jeu vidéo, du dessin animé et du manga ont engrangé l'équivalent de près de 30 milliards d'euros en provenance de l'étranger.