Des rumeurs enflent, outre-Rhin, sur les difficultés que rencontrerait actuellement le groupe allemand Weltbild, l'un des principaux acteurs du marché du livre. Elles ont été révélées par le très sérieux quotidien
Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Weltbild, qui s'illustre principalement dans l'édition, la librairie (2e groupe de librairie via sa joint-venture avec Hugendubel), et la vente en ligne, aurait besoin d'argent frais pour faire face aux multiples investissements qu'il veut engager pour booster le développement de l'entreprise en centrant ses activités sur la vente en ligne et sur le numérique, dans un marché fragile et hautement concurrentiel. Il s'agirait en fait d'une complète restructuration que l'entreprise ne peut pas financer sur ses fonds propres. Et cela malgré la cession en juillet dernier, au groupe d'édition Holtzbrinck, des 50% qu'elle détenait dans les éditions Droemer Knaur, O.W. Barth et Pattloch.
Les banques se feraient tirer l'oreille pour accorder un prêt, et les actionnaires seraient divisés sur la stratégie à adopter. Elle est notamment contestée par une partie des évêques qui composent l'actionnariat tout à fait atypique de ce groupe qui appartient conjointement à douze diocèses catholiques, à l'association des diocèses d'Allemagne et à la Pastorale des armées de Berlin.
Toutefois, dans un communiqué diffusé le 9 septembre, la direction de Weltbild tient à préciser qu'il s'agit uniquement
«de difficultés temporaires face à un développement significatif dans les secteurs du numérique et de la vente en ligne» et que
«la pérennité de l'entreprise n'est nullement compromise».Déjà, à la fin de 2011, Weltbild a dû affronter une situation tout à fait surprenante, lorsqu'un groupe de catholiques conservateurs l'a accusé de diffuser des livres
«à caractère pornographique et ésotérique» dans ses différents circuits de vente (lire
notre actualité). On disait alors que les évêques étaient prêts à se séparer du groupe au plus tard en 2013. L'affaire en est alors restée là, mais ce nouveau coup, qui a remis en lumière un actionnariat jusqu'alors discret, fragilise le puissant groupe remet en question son avenir. Du moins dans la forme actuelle de son actionnariat.