Tout frais sorti d’un virtuose Alias Ali (Fayard, 2013) qui lui a valu le prix France-Culture-Télérama, Frédéric Roux reste sur le ring. L’écrivain ne fait pas mystère qu’il s’intéresse avant tout « à l’art, à la littérature, et à la boxe ».

Celui qui affirme que « les boxeurs ne gagnent jamais, ils perdent toujours à la fin » nous ramène au 6 avril 1987. Au Caesars Palace de Las Vegas, devant une assemblée de quinze mille trois cent trente-six spectateurs. Lorsque Marvelous Marvin Hagler, champion du monde des poids moyens, affronte, pendant douze reprises de trois minutes, l’élégant Ray « Sugar » Leonard, « titre en jeu ».

L’auteur de Mike Tyson, un cauchemar américain (Grasset, 1999) a un net favori en la personne d’Hagler. Un type « pas sympathique » qui n’a pas la carte et ne joue pas le jeu, qui aime la boxe « comme un gamin » et boxe « comme un homme ». Aîné des enfants d’un manutentionnaire qui chante dans un orchestre de doo-wop et d’une femme de ménage, le jeune Marvin est d’abord employé dans une tannerie et ensuite manœuvre dans une entreprise de construction pour deux dollars de plus.

Le noble art, il s’y met en 1971 avec pugnacité et rien de moins que l’intention de remporter des titres et des tournois. Deux ans plus tard, le gaucher croise pour la première fois Ray Leonard, son cadet, né à Washington DC. Un maître de l’esquive au sourire perpétuel, aux costumes bien coupés, au discours lisse qui remporte la médaille d’or aux jeux Olympiques de Montréal.

Frédéric Roux relate le parcours des deux hommes à bride abattue et en rythme. Il insiste sur la figure d’un Marvin Hagler devenu champion du monde des poids moyens en massacrant ses adversaires quand il ne les hachait pas menu ; un Hagler craint, reconnu et respecté. Roux est formel. Il y a, dit-il, « ceux qui croient que Leonard a gagné et ceux qui savent que Hagler n’a pas perdu », un fameux jour d’avril 1987. A lire La classe et les vertus, force est d’avouer que Roux a encore marqué des poings. Al. F.