Créée en septembre 1979 dans le centre historique de Bordeaux par deux jeunes amoureux de la littérature, Henri Martin et sa compagne Danielle Depierre, La Machine à lire reflète le militantisme de l'époque. La librairie de 80 m2 met en avant une offre exigeante et pointue, faisant la part belle à la littérature et aux sciences humaines. Henri Martin fera partie de la poignée de libraires fondateurs, quatre ans plus tard, du groupement L'Œil de la lettre, qui entend à la fois veiller à l'application du prix unique du livre instauré en 1981 et promouvoir la librairie de création.
A Bordeaux, où domine Mollat, la Machine fait son chemin. Après deux agrandissements en 1983 et en 1988, elle déménage en 1996 dans un beau local de 300 m2 au pied d'un immeuble du XVIIe siècle, sur la Place du Parlement. Comme nombre de librairies de cette génération, fortement incarnées par leurs fondateurs, La Machine à lire est toutefois confrontée, au début des années 2000, au défi de la transmission. Au terme des quatre années de péripéties, la librairie est rachetée en 2008 par une fidèle cliente de la librairie, Hélène de Ligneris, qui a mobilisé la jolie somme d'argent qu'elle vient de recevoir en héritage. Celle-ci la dirige depuis en respectant son identité tout en s'efforçant d'en faire un lieu ouvert et accueillant.
Après une rénovation des locaux en 2010, Hélène de Ligneris a développé les rencontres et les animations ainsi que les partenariats hors les murs. La librairie participe aux manifestations Escale du livre et Lire en poche. Elle intervient aussi plusieurs fois par an en milieu carcéral aux côtés d'auteurs. Reflétant la fibre sociale de sa directrice, qui auparavant dirigeait une entreprise de réinsertion par l'emploi, ces évolutions, inscrites dans l'air du temps, témoignent des efforts des libraires pour rendre leurs magasins plus chaleureux. Au 122e rang de notre dernier classement Livres Hebdo des librairies, La Machine à lire présente 25 000 références et réalise un chiffre d'affaires d'1,6 million d'euros. Hélène de Ligneris a repris deux autres points de vente, devenus La Petite machine, dépôt de presse agrémenté d'un rayon livres, et La Machine à musique-Lignerolles (ex-Harmonia Mundi). C. N.