L'archiviste-paléographe Jean Dérens est mort le 18 mai 2012 à l'âge de 69 ans. Il avait fait toute sa carrière à la Bibliothèque historique de Paris et l'avait dirigée de 1985 à 2008. "Lorsque je suis sorti de l'Ecole des chartes à l'âge de 24 ans, confiait-il à Livres Hebdo en 2005, on me destinait à l'Institut national d'administration publique, une ancienne école coloniale, cela ne m'intéressait pas du tout. J'avais travaillé sur les éditions précieuses du XVe et début du XVIe, c'est ça qui me passionnait : identifier, dater des livres grâce au papier, aux filigranes, aux caractères... un peu comme dans une enquête policière. Heureusement, il s'est trouvé un poste à la Bibliothèque historique. J'y suis entré un an avant que l'on ne déménage de l'hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau à celui de Lamoignon." La BHVP, en plein coeur du Marais, était un peu son fief. Il y vivait jour et nuit, habitant dans cet hôtel de Lamoignon, construit en 1584 pour Diane, la duchesse d'Angoulême. Il était très poroche de son équipe, même s'il pouvait se montrer bourru, voire tyrannique avec certains collaborateurs. Grâce à son charisme et à son art de nouer des liens avec les généreux donateurs, la BHVP s'était enrichie, pendant son "règne", de trésors qui font le bonheur des chercheurs et des Parisiens. Dans son entretien avec Livres Hebdo, il avouait ne pas craindre son départ à la retraite quelques années tard. Il supportait mal l'entreprise d'informatisation de la bibliothèque, attendue depuis des années pourtant par les chercheurs. Il préférait organiser des expositions - celles du photographe Zucca, "Paris sous l'Occupation", qu'on lui reprocha de ne pas avoir replacée dans son contexte, fit couler beaucoup d'encre -, rassembler les relieurs d'art et autres associations de l'histoire de Paris qui considéraient la bibliothèque comme leur maison. Il participait activement à la commission des travaux historique de la Ville et signa de nombreux articles sur le sujet.