Les salons du livre, c'est un peu "La croisière s'amuse", nous dit Jean-Loup Chiflet. Mais avec ses 42 foires de Francfort au compteur, l'éditeur et auteur, chez Plon ces jours-ci, du Dictionnaire amoureux de l'humour, juge aussi qu'avec "moins d'outsiders, plus de contrôleurs de gestion" les métiers de l'édition "sont moins drôles qu'avant".
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Faut-il ainsi entonner l'air du "c'était mieux avant" ? Une certitude en tout cas : à Francfort cette semaine, c'était plutôt "La croisière s'inquiète". Dès mardi, veille de l'ouverture du grand rendez-vous mondial de l'édition dont les responsables de droits et les agents sont la cheville ouvrière, la directrice des droits de Little, Brown UK, Diane Spivey, a introduit leur séminaire annuel d'un glacial cri du coeur. "Les temps sont durs, s'est-elle écriée. Si le numérique a pu apparaître à un moment comme une opportunité de licences lucratives, la réalité est que les éditeurs ont besoin de conserver leurs droits numériques très près d'eux."
Alors que l'édition numérique a explosé dans les pays anglo-saxons tout en restant très marginale ailleurs, la question de sa rentabilité s'est naturellement imposée au coeur des quelque... 500 conférences professionnelles consacrées à l'univers digital pendant la foire. On n'y a cependant pas trouvé la pierre philosophale. Aussi les Français, bien plus présents dans les auditoires qu'aux tribunes, préféraient-ils commenter l'annonce choc de la prochaine entrée en Bourse de la Fnac.
Car les temps sont durs aussi pour la première chaîne de grandes surfaces culturelles en France et en Europe, qui n'a toujours pas trouvé preneur alors que le groupe PPR l'a mise en vente il y a deux ans. Ce n'est pas pour rassurer les éditeurs français dont nous publions cette semaine un 16e classement annuel qui témoigne du climat d'incertitude dans lequel ils évoluent. Il n'est qu'à voir l'impact sur le bilan d'Hachette de la faillite, après des années d'errements, des chaînes américaine Borders et australienne REDgroup pour mesurer les risques que la fragilisation de la Fnac fait courir à l'ensemble du marché du livre français.
