En 2005, délaissant les caustiques comédies universitaires ayant fait son succès, David Lodge se renouvelait en proposant L'auteur ! L'auteur ! (disponible en Rivages/Poche). Un roman très réussi où il se penchait sur les dernières années du grand Henry James, lorsque ses livres n'intéressaient plus personne et qu'il essayait vainement de se refaire grâce au théâtre. Celui-ci apparaît à nouveau en arrière-fond dans l'épais volume Un homme de tempérament.
David Lodge s'intéresse pour l'heure à l'un de ses éminents confrères, H. G. Wells. Le rideau se lève en 1941. Wells n'a jamais déserté son domicile du 13, Hanover Terrace, même durant le Blitz. Veuf qui manque de force et d'appétit, l'écrivain pour le moins prolifique souffre d'un incurable cancer du foie. Lodge remonte le fil des années et épluche les milles facettes du bonhomme. En 1895, moyennant la somme de cent livres, Wells publie en feuilleton La machine à explorer le temps dans The New Review. Son premier roman et son premier succès.
Il ne s'arrêtera plus de produire, de mettre en scène des hommes cherchant à comprendre ce qui ne va pas dans la société contemporaine. Outre l'écriture, la grande affaire de Wells est le sexe. Isabel, sa première épouse, se montre hélas pour lui peu portée sur la chose. Qu'importe puisqu'il rencontre ensuite la jeune Catherine qu'il initie mais qui peine à s'abandonner. Puis Rosamund, dont il veut parfaire l'éducation, laquelle prétend avoir assez d'amour pour deux. N'oublions pas Dorothy Richardson et Violet Hunt. Amber, qui se fait appeler Dusa, dont il sera le "Master". Ou la formidable écrivaine Elizabeth von Arnim, qui estime qu'il sent le miel...
Solidement documenté mais non exempt de quelques longueurs, Un homme de tempérament sonde une époque tourbillonnante et sa société littéraire, particulièrement vivace. Le roman de Lodge permet aussi de mieux comprendre le parcours et la psychologie d'un maître de l'utopie doublé d'un chantre de l'amour libre.