Manuel Carcassonne, P-DG des éditions Stock, et Solène Chabanais, directrice des droits étrangers d’Albin Michel, ont commencé par reconnaître le caractère incontournable de cette foire qui réunit en octobre 7000 exposants et accueille 300000 personnes sur cinq jours. "Ses rencontres de hasard, ses à côtés, ses dîners… Les possibilités données par la foire de Francfort persistent toujours", a souligné Manuel Carcassonne. "Dans un milieu comme le nôtre où le numérique est très présent à cause des mails, des foires comme celle de Francfort nous permettent de retrouver un côté humain dans notre travail", a de son côté réagi Solène Chabanais.
Un nouveau pavillon pour des débats et des rencontres
Présent pour la première fois à une conférence à Paris, le P-DG de la Foire internationale du livre de Francfort, Jürgen Boos, a réitéré son envie de multiplier, dans le cadre de sa programmation professionnelle, des initiatives susceptibles de nourrir le carnet d'adresses des exposants à Francfort. Des débats et rencontres auront lieu dès l'année prochaine dans un nouveau pavillon qui sera situé dans l’agora du parc des expositions. "On va également proposer des visites guidées aux professionnels pour les encourager à quitter leur hall et aller à la rencontre d’autres acteurs du livre. Puis on organisera plus de fêtes !", a annoncé Jürgen Joos. En outre, le patron de la Frankfurter Buchmesse a fait part de son souhait d’implanter un événement plus ouvert et culturel où la ville serait mise en valeur, "à l’image du festival SXSW au Texas", festival pluridisciplaire et multimédia qui a lieu au printemps à Austin.
Selon Jürgen Boos, la Foire internationale du livre de Francfort "essaie de se réinventer chaque année en faisant face à des nouveaux défis". "L’édition internationale est devenue de plus en plus mondialisée, cela est illustré par le secteur des droits qui enregistre une croissance de 5% par an. On va aujourd’hui à la rencontre de ces nouveaux acteurs, à Jakarta, Pékin, Singapour… Mais aussi vers d’autres secteurs. S’il y a quelques années on s’est rapproché du cinéma et des jeux vidéo, aujourd’hui c’est Netflix qu’on côtoie », a-t-il expliqué. Il a, dans ce sens, mis en avant les rencontres "informelles" que la foire développe à l’étranger. "Nous agissons comme consultants dans plusieurs pays", a-t-il dit.
Softpower
La direction de la Foire a aussi l’intention d’inviter d’ores et déjà plus de personnalités politiques à sa manifestation. "Les politiciens se sont enfin rendus compte des avantages de la diplomatie softpower apportée par la culture", a relevé Jürgen Boos.
Cet évènement international continuera aussi à mettre en lumière, chaque année, le paysage éditorial d'un pays. Les intervenants ont ainsi tiré un bilan sur l’invitation de la France en 2017. "Pour les cessions de droits, nous nous sommes concentrés sur les éditeurs allemands et avons fait un effort sur la promotion de nos auteurs", a déclaré Solène Chabanais qui n’a néanmoins pas remarqué une augmentation des cessions de droits vers l'Allemagne depuis l'année dernière. Jürgen Boos a applaudi cette stratégie. "Il ne faut pas oublier que l’Allemagne est le deuxième marché du livre au monde, derrière les Etats-Unis. Quand un auteur fonctionne en Allemagne, les portes vers d’autres cessions à l'étranger s'ouvrent", a-t-il noté.
Quelques interrogations ont été soulevées. Solène Chabanais a notamment demandé à Jürgen Boos pourquoi la foire n'ouvrait pas le lundi au lieu du mercredi. "Les agents arrivent dès dimanche et nous sommes obligés de caler nos rendez-vous dans des lieux informels", a-t-elle fait valoir. "La semaine serait trop longue pour ceux qui restent du début à la fin", a rétorqué Jurgen Boos tout en soulignant, à de nombreuses occasions, que les réflexions menées pour améliorer la foire sont constantes.