Avant-critique Roman

Julien Sandrel, "Le jour où Rose a disparu" (HarperCollins)

Julien Sandrel  - Photo © Olivier SEIGNETTE

Julien Sandrel, "Le jour où Rose a disparu" (HarperCollins)

Les destins se croisent et se répondent dans le nouveau roman de Julien Sandrel qui aborde les thèmes de la manipulation et de la violence psychologique au sein du couple et de la famille.

Parution 1er octobre

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Par Julie Malaure
Créé le 23.09.2025 à 09h00

Sous emprise. Ce livre est l'histoire d'un quiproquo colossal. Mais le lecteur ne le saura qu'à la fin, rivé au fil d'une narration labyrinthique où tout est là pour le perdre. Rose, l'héroïne belge, en est la première exploratrice et la première victime. Elle se réveille à l'hôpital après un accident de voiture, frappée d'une amnésie rétrograde sélective. C'est-à-dire qu'elle se souvient de tout, sauf de ce qui la concerne. Un enfer qui l'oblige à renouer avec son passé. Elle découvre avoir vécu dans le plus grand isolement, sans attache familiale, ni voisin ni ami, allergique à son propre chat, et même suicidaire - l'accident de voiture n'en était pas un, comme en attestent les nombreuses lettres d'adieu retrouvées à son domicile. Seulement, à ces lambeaux d'elle-même vont s'ajouter deux détails révélés par l'infirmier urgentiste : un prénom, « Romain », et un numéro de portable partiellement effacé qu'elle semble avoir inscrit au stylo sur sa hanche avant de prendre le volant.

Romain apparaît dans un deuxième fil de l'histoire, où il est question d'Aïda Niamé, trentenaire qui vient de décrocher un emploi de puéricultrice à la Maison des femmes de Toulon - dans le Var, dont est originaire l'auteur. Nouvel emploi, nouvelle équipe, dont ce Romain, animateur d'un atelier de jardinage, avec le prénom Rose tatoué à la place du cœur...

Les vies de Rose et celle d'Aïda ne se croiseraient pas sans la découverte du journal intime d'Ophélie. On ne sait rien de cette troisième femme, si ce n'est que son petit frère s'appelle Romain et qu'elle redoute la violence de son mari Léo au point d'enterrer ses confidences dans une boîte hermétique au fond du jardin. Léo, justement, se trouve être le médecin traitant de Rose. Avec lequel notre amnésique entame une relation amoureuse. Une idylle qui se transforme peu à peu en prison. Léo devient jaloux, brutal, menaçant, emmurant littéralement Rose, sous emprise psychologique.

La découverte d'un cahier comme point de bascule n'est pas une nouveauté pour qui a déjà lu Julien Sandrel. Dans son premier roman bouleversant et premier grand succès, La chambre des merveilles (Calmann-Lévy, 2018), une mère célibataire affrontait le coma de son fils de 12 ans. En rangeant ses affaires, elle découvrait son journal, appelé la « Chambre des merveilles » en référence à tout ce qu'il rêvait de faire dans la vie. Ce qu'elle entreprendra de réaliser, renouant ainsi avec son enfant perdu.

Depuis cette Chambre des merveilles - Prix Méditerranée des lycéens, traduit dans plus de vingt langues, adapté au cinéma en 2023 par Lisa Azuelos, au théâtre par Jean-Philippe Daguerre et en BD par Philippe Pelaez et Patricio Angel Delpeche (Grand Angle, 2022) -, Julien Sandrel, avec une cadence d'horloge suisse, produit un roman par an : La vie qui m'attendait ; Les étincelles ; Vers le soleil ; Merci, grazie, thank you ; Les extraordinaires ; Beaucoup d'amour et quelques cendres (tous chez Calmann-Lévy). Avec Le jour où Rose a disparu, Sandrel, qui a déjà vendu plus de deux millions de livres, fait son arrivée chez HarperCollins. Avec Rose, Aïda et Romain, tous victimes de violences intrafamiliales, l'auteur s'éloigne un peu de la littérature réparatrice (ou healing fiction). Le thème de l'emprise, les mécanismes de manipulation et d'asservissement de l'autre dans le couple ou au sein de la famille, le placent aux côtés de Nathacha Appanah, la reine de cette rentrée littéraire avec La nuit au cœur.

Julien Sandrel
Le jour où Rose a disparu
HarperCollins
Tirage: 0
Prix: 20,90 €
ISBN: 9791033918028

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