Littérature

Julien Moraux, "Nos misères ne prennent jamais fin" (Éditions du Rocher) : Houellebecq est mort

Julien Moraux - Photo DR

Julien Moraux, "Nos misères ne prennent jamais fin" (Éditions du Rocher) : Houellebecq est mort

Comment Julien Moraux serait parvenu à écrire son deuxième roman, totalement foutraque. Tirage à 3000 exemplaires.

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Par Jean-Claude Perrier,
Créé le 12.03.2022 à 10h00 ,
Mis à jour le 24.03.2022 à 15h29

On n'ose imaginer les différentes substances, plus ou moins licites, que, comme Jul son narrateur, son héros, son double, Julien Moraux a dû ingurgiter pour parvenir à écrire son deuxième roman. Dans la souffrance, apparemment, ce qui n'étonnera pas de la part d'un auteur qui a débuté dans la carrière avec Mais rien ne vient (Le Rocher, 2019), dont on avait par ailleurs conservé un excellent souvenir. Mais, hosanna, à la fin, les frères jumeaux ont réussi leur pari : écrire leur roman, le même bien sûr, et quasiment en direct pour Jul, dans un effet de mise en abyme somme toute assez classique. Le texte, lui, l'est nettement moins.

C'est donc l'histoire d'un Havrais, un jeune prof banal, en couple avec Alice dont il est fou amoureux (même si elle l'a trompé en 2013 : pour lui pardonner, il lui a fait un enfant, Lucien dit Lulu), et qui n'arrive pas à écrire son roman. Un matin, alors qu'il fait son jogging, il est attaqué par un faisan, puis, au skatepark, il se bagarre avec une ado skateuse, May D. Ils se lancent un défi, que la bande du meilleur gagne. Coté Jul, il y a tous ses vieux potes, dont Alfie, du Havre Skate Shop, qui s'institue son sponsor. En sous-sol, le patron de l'affaire n'est autre qu'un certain Michel Houellebecq, dont on apprendra qu'il est fan de skate et skateur lui-même. Pourquoi pas, il a déjà l'uniforme ! De l'autre, des vampires furieux, dont Goldo, le géant.

La préparation de la compétition va partir en vrille, dans un road-movie havrais qui tient des Pieds Nickelés, de Massacre à la tronçonneuse (Houellebecq faisant partie des victimes), et des aventures de San-Antonio. Même les policiers, à la gâchette facile, s'en mêlent. Ça déraille, on s'y perd complètement, jusqu'au coup de théâtre final, qui témoigne que jamais l'auteur n'a lâché le contrôle de son texte, en dépit des apparences.

Nos misères ne prennent jamais fin est totalement foutraque, jubilatoire et horripilant, truffé de clins d'œil et de plaisanteries à deux balles, talentueux et un chouïa complaisant, comme écrit au fil de la plume. On espère que les éditeurs de Moraux, qui auraient goupillé toute cette aventure, disposent d'une sérieuse équipe de correcteurs.

Julien Moraux
Nos misères ne prennent jamais fin
Éditions du Rocher
Tirage: 3 000 ex.
Prix: 17,90 € ; 200 p.
ISBN: 9782268106977

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