S’il est de notoriété publique que le commerce en milieu rural est en grande difficulté, alors Colmars-les-Alpes, village de 500 habitants niché dans le Mercantour (PACA), est l’exception qui confirme la règle. Depuis mai 2021, la moitié de ses habitants se sont réunis en coopérative pour reprendre, ensemble, la librairie Les Pléiades. Un projet loin des règles de l’industrie du livre, avec pour seul objectif le maintien de la littérature dans le village quoi qu’il en coûte.

212 sociétaires

Créée il y a 12 ans, Les Pléiades faisait partie de ces commerces de village immuables, dont l’existence paraissait évidente. Quand sa fondatrice annonce son départ en 2020, la question ne se pose donc pas : il faut trouver une solution pour garder le local ouvert. Mais, une fois sur le marché, la petite boutique ne suscite l'intérêt d'aucun repreneur. « C’est là que nous avons eu l’idée d’en faire une coopérative », raconte son président Xavier Druelle.

Soutenu par l’association culturelle Les 5 saisons de Colmars, le projet prend forme dès l’hiver 2020. En quatre mois, 212 personnes participent, permettant le rachat du local en avril 2021. Parmi les adhérents, on retrouve des habitants du village, des locaux et des petites maisons d’édition comme Elan Sud ou Chemins de Plume. « Grâce à ce fonctionnement, nous n’avons pas d’objectif de rentabilité, explique Xavier Druelle, la seule chose que nous devons faire à la fin du mois, c’est payer notre libraire ».

Dimension militante

Pour les sociétaires des Pléiades, il s’agit avant tout de garder un lieu accessible pour lire et acheter à lire. « Le village fonctionnerait très bien sans cette librairie, mais en la préservant, on choisit une autre voie. Celle qui dit que le livre peut aussi être vu comme une nécessité », affirme Xavier Druelle, pour qui cette démarche a une dimension militante.

Dans cet esprit, les ouvrages en rayon diffèrent de ceux qu'on trouve dans des librairies classiques. Les Pléiades ne sont pas inscrites à l’office et cherchent à s’éloigner de l’industrie du livre avec des propositions thématiques rarement liées aux sorties de best-sellers. Chaque sociétaire peut également proposer des titres.

Pour les années à venir, la coopérative prévoit de travailler davantage avec les écoles et les médiathèques. Du haut de ses 25 ans, Constance Garénaux, la libraire des Pléiades, rêve quant à elle d’un espace Vinyles, de livres de beaux-arts et, pourquoi pas, d’une extension sous la forme d'une librairie mobile.