Érudit facétieux, Jean-Loup Chiflet ne cesse d'imaginer des moyens d'amener à la littérature, et à la lecture, de nouveaux publics, en utilisant pour cela tous les truchements agréables : anthologies, pastiches, parodies...
Dans son nouveau petit livre, au titre délicieusement XIXe, Le magasin pittoresque de la littérature française, il ressuscite le genre des miscellanées, ou des spicilèges - deux mots rares qui auraient mérité de figurer dans la terrible dictée imaginée par Pierre Louÿs en 1911 (voir page 81), à côté de laquelle toutes celles de Bernard Pivot étaient des galéjades. On y trouve de tout un peu, en désordre, une somme d'informations littéraires (au sens large) aussi inutiles qu'indispensables, comme : à quel âge écrit-on son autobiographie, dans quel cimetière repose tel ou tel auteur, qui a vraiment dit quoi ?...
C'est souvent inattendu, toujours drôle, et, au bout du compte, on apprend plein de choses. On se régale aussi de citations, telles : « Ah ! dit don Manoël en portugais » (Alexandre Dumas, Le collier de la reine), « Je n'y vois plus clair, dit la vieille aveugle » (Balzac, Scènes de la vie privée) ou « Je m'amusais à voir voler les pingouins » (Chateaubriand, Génie du christianisme). Il y a des vacheries : « Rimbaud, un gamin qui pisse contre l'Himalaya » (Léon Bloy), des statistiques farfelues, ou cette notice sublime, forcément, consacrée par Patrick Rambaud à Marguerite Duraille, « écrivain tragique née en 1914 près de Pondichéry, ce qui l'autorise à affirmer avec force : "Je suis d'Inde" ». C'est beau comme du Pierre Dac.
Le magasin pittoresque de la littérature française
Plon
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 14,90 € ; 336 p.
ISBN: 9782259278188