Bologne 2024

Innocenzo Cipolletta : « Ce n’est pas un hasard si la plus importante foire du livre jeunesse est en Italie »

Innocenzo Cipolletta est président de l'AIE, l'Association des éditeurs italiens, depuis fin 2023 - Photo ED

Innocenzo Cipolletta : « Ce n’est pas un hasard si la plus importante foire du livre jeunesse est en Italie »

En pleine Foire du livre jeunesse de Bologne (du 8 au 11 avril), Innocenzo Cipolletta, président de l’Association des éditeurs italiens (AEI, l’équivalent du SNE italien), fait le point sur le marché du livre en Italie et détaille son ambition de développer les cessions de droits à l’étranger, alors que son pays sera l’invité d’honneur de la prochaine Foire de Francfort.

J’achète l’article 1.5 €

Par Éric Dupuy
Créé le 09.04.2024 à 15h21

Livres Hebdo : Comment se porte actuellement le marché du livre en Italie ?

Innocenzo Cipolletta : L’évolution de l'édition italienne est plutôt bonne, après des années 2020-2021 très performantes. Cependant, le secteur reste fragile. Parce que la croissance des coûts de production, qui n'est pas compensée par la croissance des prix de vente, pèse sur les petits éditeurs économiquement plus fragiles. L’an dernier, les revenus ont augmenté de 0,8%, à 3,3 milliards d’euros avec une légère baisse du volume des ventes. On craint cependant une certaine contraction cette année résultant de la baisse de certaines subventions, envers les bibliothèques ou sur le Pass culture.

 

Quelles sont les locomotives du marché grand public ?

Nous n’échappons pas à la vague de la romance, mais le segment de la BD fonctionne bien par rapport à la période pré-pandémique et les essais ont aussi de bons résultats.

 

Vous serez invité d'honneur à Francfort en fin d'année et souhaitez poursuivre le développement à l’international de l’édition italienne. Quels leviers identifiez-vous pour y arriver ?

L’an dernier, cela a été très important pour nous d’être invité d’honneur à Paris, car cela nous a permis de présenter beaucoup d’auteurs en France qui est un bon marché pour l’Italie. Avec un niveau d'importations légèrement supérieur à celui des exportations : nous avons exporté 900 titres dans l'Hexagone et en avons importé 1080…

Notre problème est que la langue italienne est réservée à l’Italie, contrairement au français ou à l’espagnol et évidemment à l’anglais. Pour développer notre édition à l’international, nous devons subventionner la traduction et le gouvernement a débloqué 1 million d’euros pour l’aide à la traduction, c’est important pour les éditeurs étrangers qui pourraient acheter des droits.

Et l’invitation d’honneur à Francfort, dont nous dévoilerons le programme fin mai, sera le moment indiqué pour faire faire un bon à l’international pour le livre italien. 

 

En parlant de foires, l’Italie accueille l’une des plus attendues de la profession au niveau mondial, à Bologne. Qu’apporte ce rendez-vous à l’édition locale ?

Bologne nous apporte une opportunité de réseau. Nous travaillons beaucoup avec l’organisation de la Foire quand on va à l’extérieur, à Paris, à Francfort ou ailleurs, pour présenter des auteurs, des illustrateurs jeunesse.

La jeunesse est notre force à l’international : sur ce segment notre balance est excédentaire en termes de cession de droits, et prend de plus en plus de poids dans de nombreux marchés. Ce n’est pas un hasard si la foire de littérature jeunesse la plus importante est en Italie, car nous avons de grandes qualités en la matière.

 

« Il y a de plus en plus de rencontres à Paris et en France avec des auteurs italiens »

 

Comment percevez-vous le marché français de l’édition actuellement ?

Nous avons toujours eu des relations très fortes, et cela s’est accrue depuis la création du festival Italissimo il y a neuf ans et l’invitation au Festival du livre de Paris en 2023. Il y a de plus en plus de rencontres à Paris et en France avec des auteurs italiens, ce qui permet de nouer des relations entre les éditeurs et avec le grand public. Il n’y a rien de mieux que de connaitre l’auteur pour acheter un livre ! 

 

Nous vivons en France une période d’évolution du paysage éditorial assez inédite, avec une résistance à la concentration éditoriale… Qu’en est-il en Italie ?

Dans le monde entier et dans tous les secteurs, il y a des phénomènes de concentration. Dans l’édition en Italie, la moitié des livres vendus proviennent de petites maisons d’édition. Nous n’avons pas un grand éditeur, mais au moins quatre, qui se partagent l’autre moitié des ventes. Nous avons encore une pluralité plus forte que dans d’autres pays. Depuis 2019, la croissance des grands groupes et des petits et moyens éditeurs a connu des tendances similaires, les premiers comme les seconds apportant une contribution fondamentale au pluralisme de notre industrie de l'édition.

 

En France actuellement, l’un des sujets dominant pour l’interprofession est le marché de l’occasion qui se développe avec la question pour les acteurs de la chaine d’y prendre une plus grande part. Est-ce également une préoccupation en Italie ?

En Italie, le marché de l’occasion existe, mais il n’est pas autant développé. Par exemple, une librairie dénommée Libraccio s’est créée il y a quelques années sur le modèle du livre d’occasion, et aujourd'hui, elle vend même du livre neuf !

Les dernières
actualités