"Je ne crois plus en rien. Je ne suis plus là pour personne." En retrait, Anna s’est réfugiée dans une abbaye. Elle espère y reprendre l’écriture. Un appel téléphonique vient perturber ce silence utopique. Serge ne fait plus partie de sa vie, pourtant son ex ressurgit avec aplomb. Désespéré, il lui lance un SOS : sa benjamine Garance sombre dans la dépression. Une seule personne pourrait secourir cette enfant attachante, Anna, pour qui elle incarnait une mère de substitution.
"Submergée par les souvenirs" et les émotions, cette dernière pensait avoir quitté définitivement la famille qu’elle formait avec Serge. Mais comment ignorer son cri ? Un an s’est écoulé depuis leur dernière conversation : Anna lui annonçait qu’elle partait. Un autre l’attendait, mais l’aventure a tourné court. Ces retrouvailles avec Serge et les siens sèment le trouble en elle. "J’ai changé. Pas seulement physiquement. Aujourd’hui, je me sens altérée, comme cabossée." Une photo d’antan l’atteste sans appel. Impossible d’enfermer son passé dans une boîte à chaussures.
Des flash-back ravivent l’Anna d’autrefois. Celle qui était "financièrement et affectivement dépendante" de Serge - un grand réalisateur - et de sa tribu éclatée. Une donnée qui n’est pas sans rappeler sa propre famille. Est-ce pour ça qu’Anna ne trouve pas sa place ? Pourquoi se contente-t-elle de l’ombre ? Auteure pour la jeunesse et les adultes, Karine Reysset poursuit En douce (Rouergue, 2004) ce questionnement sur l’abandon, la maternité (Comme une mère, L’Olivier, 2008), les femmes brisées, les familles éclatées, la fuite ou l’envie de réparer les liens. L’amour suffit-il pour recoller les morceaux d’un vase brisé ? K. E.