L'année dernière, l'une des meilleures lectures estivales était le Martini shoot de F. G. Haghenbeck traduit chez Denoël par Juliette Ponce. Un roman noir et piquant où l'on faisait connaissance avec Sunny Pascal : un "limier beatnik" chargé d'aller traîner ses guêtres sur le tournage de La nuit de l'iguane. Le privé est cette année de retour dans L'affaire Tequila, à paraître le 7 juin chez Denoël. Hasard heureux, l'écrivain mexicain est également annoncé à L'Herne avec Le jour des morts.
Biographie romancée de Frida Kahlo, le livre tourne autour d'un petit calepin noir, intitulé "Pour le jour des morts", contenant des recettes de cuisine pour préparer les offrandes aux défunts. Le lecteur se rend rue de Londres, à Coyoacan. Dans une Maison bleue qui est à la fois "le sanctuaire, le refuge, l'autel" de sa patronne, Frida, "peintre de passion, maîtresse de mélancolie", dont on va dérouler le parcours. Troisième de quatre filles, celle-ci eut un père émigré allemand, descendant de Juifs hongrois, et une mère originaire d'Oaxaca. A 6 ans, la petite Frida contracte la poliomyélite, échappe à la mort mais garde comme séquelle une jambe plus courte que l'autre. Ce qui ne l'empêche pas de pratiquer le football, la boxe ou le patin à roulettes. Adolescente fantasque, elle a rapidement un amant, Alejandro, leader d'un groupe d'intellectuels. Une époque où elle croise le chemin de l'ogre Diego Rivera, peintre équipé d'un calibre 45, qu'elle épousera. Il y eut aussi cet accident de tramway où elle eut une triple fracture de la colonne vertébrale. Elle s'engage auprès du PC, rencontre Tina Modotti qui avait "la rudesse d'un rocher, un sourire d'homme, une voix adolescente et des mains de duchesse"...
En vingt-quatre chapitres ponctués de recettes de cuisine, Francisco G. Haghenbeck remonte le cours de la vie d'une artiste qui ne faisait rien comme tout le monde. Jusqu'à ses plats qu'elle agrémentait d'une branche de "hierba santa".