"Avant même l’ouverture des débats des Rencontres nationales de la librairie, vous les concluez et prenez la plume pour stigmatiser Hachette Livre, seul acteur désigné comme responsable d’une précarisation de la chaîne du livre que vous évoquez sans la quantifier, l’analyser ou la mettre en perspective", regrette Arnaud Nourry. Indiquant aux responsables du SLF que "participer à une manifestation dans le rôle que vous nous assignez par avance, celui de bouc émissaire, n'est pas envisageable", le P-DG du groupe annonce qu'il a demandé à la dizaine de collaborateurs de Hachette Livre qui devaient se rendre aux RNL pour échanger avec les libraires de ne pas faire le déplacement.
"Est-il si difficile de reconnaître que nous avons été partout dans le monde les plus ardents défenseurs du prix unique pour le livre imprimé et du contrat d’agent pour le numérique, que nous avons été les premiers à offrir une livraison sous 48 heures pour permettre aux libraires de se défendre, que nous avons été les premiers à créditer les retours à 30 jours pour les libraires indépendants LIR, que nous sommes un des seuls à maintenir une force de vente de terrain pour visiter les libraires de proximité ?", demande Arnaud Nourry qui rappelle aussi qu'Hachette Livre a été le seul "à tenir tête à Amazon lorsque celui-ci nous a imposé un bras de fer sur les prix aux Etats-Unis".
Le SLF demande de la "solidarité interprofessionnelle"
Dans leur tribune qui a suscité la réaction d'Hachette, Xavier Moni et Maya Flandin appelaient les éditeurs à faire preuve de "solidarité interprofessionnelle" afin de mieux répartir la valeur dans la chaîne du livre, alors que la situation économique des libraires se détériore.
"L’esprit de responsabilité et de solidarité s’est aujourd’hui délité, par calcul ou par perte de vue des exigences qui accompagnent l’application du prix unique du livre", relevaient les responsables du SLF, en épinglant nommément Hachette Livre. Le numéro un de l’édition en France "a, malgré sa rentabilité enviable, les conditions commerciales les moins avantageuses, particulièrement pour les plus petites librairies", dénoncent les responsables du SLF. Selon eux, "si la situation de nombreux éditeurs indépendants n’est guère plus enviable que celle des libraires, il en va différemment des grands groupes qui commandent l’essentiel du marché".
Xavier Moni et Maya Flandin regrettent que les économies d’échelle et les baisses de coûts de fabrication et de stockage réalisées suite aux concentrations dans l’édition et dans la distribution ne profitent pas aux autres acteurs de la chaine du livre, dont les libraires.
Les représentants du SLF formulent plusieurs propositions pour remédier à cette situation: une remise commerciale minimum de 36 %, une meilleure répartition des frais de transport des livres, une réflexion sur la suppression des rabais que doivent consentir les libraires, ou encore un tarif postal adapté pour être compétitif sur Internet.