Qu’elle soit rachetée dès la semaine prochaine ou dans les mois qui suivront, dans la foulée d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire, la librairie Sauramps est parvenue à la fin d’un cycle. Quelle que soit l’option qui s’imposera, elle marquera un tournant pour une entreprise qui, née sur une échelle modeste à l’aube des Trente Glorieuses, avait épousé les mouvements économiques, culturels et sociétaux de son temps. Sauramps s’est imposée, dès la fin des années 1970, parmi les librairies les plus importantes, les plus modernes et les plus dynamiques de France, et reste un des poids les plus lourds du secteur. L’an dernier, elle pointait encore au 6e rang du Classement annuel Livres Hebdo des 400 premières librairies françaises.
Ses difficultés tiennent pour l’essentiel à des causes singulières, des choix stratégiques mal calibrés, sans doute en partie influencés par les vicissitudes du contexte politique particulier de la capitale du Languedoc-Roussillon. Elles n’en rappellent pas moins la fragilité des entreprises de librairie, dans une période où plusieurs, et non des moindres, doivent négocier la succession de la génération de dirigeants qui a émergé dans la période de l’après-Mai 68.
Aujourd’hui Sauramps doit se débattre non seulement avec les déficits, qui affectent particulièrement sa succursale du centre commercial Odysseum, mais surtout avec des besoins d’investissements majeurs sur son vaisseau amiral, le bâtiment dit du "Triangle" qui n’est plus adapté aux obligations et aux nécessités de l’époque. Plus de deux années chaotiques se sont écoulées depuis que les actionnaires ont manifesté leur intention de se retirer de l’entreprise. Il faut espérer, pour les équipes très qualifiées de ce groupe de librairies comme pour les positions du livre à Montpellier, où Sauramps domine largement, que des solutions viables et durables émergent rapidement.