Il a un an. Un an avant de mettre en application la décision qu'il a prise souverainement. Ce quinquagénaire madré, lassé, un tantinet misanthrope, professeur de philosophie à Madrid, ne souhaite pas aller plus avant. La vie et après. Au terme des douze mois à venir, il entend, sans drame ni faiblesse, mettre fin à ses jours. Le temps pour lui moins de mettre ses affaires en ordre que de trier le désordre de sa pensée. Lui reviennent alors les scènes, petites joies, grandes hontes, recueillies au fil de son existence. Tout au long de cette prétendue cérémonie des adieux, autant de personnages l'entourent encore : son ex-femme et le souvenir d'une nuit d'amour lisboète, sa chienne, sa vraie confidente, un ami victime des attentats terroristes de la gare d'Atocha en 2004, son fils unique et même une sex doll compréhensive... Curieux manège pour un homme sans doute plus perdu encore qu'il ne veut bien se l'avouer. Après le succès fracassant de son précédent roman, Patria (Actes Sud, 2018), vendu à plus de deux millions d'exemplaires à travers le monde, adapté en série télé aux bons soins de HBO, c'est peu de dire que le basque (mais résidant en Allemagne) Fernando Aramburu était attendu au tournant. Avec cet ample et ambitieux requiem tordu qu'est Oiseaux de passage, il relève brillamment le gant. Ce chant-là n'est pas de désespoir, mais d'amour, de croyance malgré tout à la persistance de la beauté des choses.
Oiseaux de passage Traduit de l'espagnol par Claude Bleton
Actes Sud
Tirage: 15 000 ex.
Prix: 26 € ; 624 p.
ISBN: 9782330173784