En 1984, Éric Holder confiait à Dominique Gaultier, qui venait de créer Le Dilettante, un manuscrit, Nouvelles du Nord, qui allait devenir le premier titre de la maison, et un peu sa boussole : cap résolu sur le style. Disparu à 58 ans, en janvier 2019, auteur d'une œuvre vaste, diverse, mais demeurée dans un cercle d'initiés, Holder fut en effet un styliste impeccable, un ciseleur de mots. Ses Anachroniques, parues dans la revue Le matricule des anges de janvier 1996 à août 2012, et qu'il considérait comme des « sortes de haïku », en portent fièrement témoignage. Il y salue les écrivains qu'il aime ou admire, Mallarmé visité à Valvins, Henri Calet, Jean Rolin ou Michel Houellebecq (invoqué durant un voyage à Cuba) ; se balade à Dakar ou à La Havane ; ou, plus modestement, dans les salons du livre à travers l'Hexagone. Un exercice qu'il détestait mais qui lui inspire quelques pages savoureuses, moqueuses, jamais méchantes. Voir son « Bigre la vaillarde ». Et puis il en profite pour dire son amour aux siens : à « Femme de ma vie », éditeur, et, dans un texte bouleversant, « Bientôt quatorze », à son fils ado. Si, selon Holder, après quelques illustres maîtres − dont Vialatte, celui sans doute dont il était le plus proche, ou encore Bernard Frank −, « la chronique est un art patiné », il lui a redonné un sacré coup de lustre. Dégustons donc ces soixante-quinze petits bonbons, un verre de bordeaux à portée de main. L'autre passion de l'écrivain.
L'anachronique
LE Dilettante
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 22 € ; 288 p.
ISBN: 9791030800685