Il y a des événements comme ça, dans une vie, et sans qu'on le sache sur le moment, où tout bascule. « Pour moi, raconte Jacky Schwartzmann, ce fut le divorce de mes parents. Je suis né dans une "cité chaude" près de Besançon. Mon père était un ouvrier quasi analphabète, qui bossait à l'usine depuis l'âge de 14 ans. Tout à coup, ma mère épouse un universitaire du CNRS, qui vivait en centre-ville, dans les beaux quartiers, et qui m'a adopté. Mon enfance fut un peu le cocktail de ces deux ambiances. » De là vient une part de son inspiration, et cette idée, récurrente, de « confronter des personnages qui n'ont rien à voir ensemble ». Un « mec de cité et une banquière », dans Mauvais coûts, paru en 2016 chez l'éditeur lyonnais La Fosse aux ours, et qu'il considère comme son vrai premier livre. C'est après cela que Gwenaëlle Denoyer, éditrice au Seuil, l'a contacté via Facebook, lui ouvrant les portes de « Cadre noir », où il publie aujourd'hui pour la deuxième fois.


Thriller burlesque


Pension complète, c'est un peu Camping revu par Tarantino. Il raconte comment la rencontre improbable, dans un camping de La Ciotat, entre Dino Scala, un gigolo contraint de quitter momentanément Luxembourg et sa femme milliardaire, et Charles Desservy, un lauréat du prix Goncourt venu chercher l'inspiration au contact des « vrais gens », va dégénérer en un thriller aussi burlesque que sanglant. « L'idée d'origine est partie du camping, explique l'auteur. Ensuite, je voulais régler quelques comptes avec Luxembourg, où j'ai vécu un temps, et le reste s'est enchaîné. »


Jacky Schwartzmann fourmille d'idées, et lorsqu'il travaille sur un livre, construit tout dans sa tête, se fait des listes qu'il s'envoie à lui-même par mail, puis se sert de son ordinateur comme d'une « boîte à outils ». Après, il n'y a plus qu'à. C'est ainsi que son prochain polar est déjà prêt, une histoire de sosie d'un réalisateur célèbre, qui use de sa ressemblance pour arnaquer des gogos. « Je ne peux pas en dire plus », s'excuse-t-il. On le comprend. Et l'on remarque, outre un nouveau cross-over entre différents milieux sociaux, cette familiarité avec le monde du cinéma. « A 22 ans, avant de me lancer dans le roman, je voulais écrire des films, à la Pulp fiction. Je n'y ai d'ailleurs pas renoncé », se souvient-il. En attendant, parmi d'autres boulots plus ou moins alimentaires, il rédige des « bibles » de séries pour Telfrance, la maison qui produit, entre autres, Plus belle la vie, en espérant qu'un jour l'un de ses scénarios
séduise une chaîne de télévision, et que ce soit le jackpot. Il a aussi eu une pièce de théâtre, La cravate, lue par Denis Robert au théâtre du Rond-Point, en 2010. « Trois fois, mais elle n'a pas été montée », regrette-t-il.


Marathonien


Grand sportif, Jacky Schwartzmann est un marathonien. La patience, il connaît. En attendant, il enchaîne les projets, comme cette bande dessinée avec l'illustrateur Morgan Navarro, sur le point d'être signée chez un grand éditeur, « très satirique » sur le monde de l'entreprise. Encore du vécu ?

Jacky Schwartzmann
Pension complète
Seuil
Tirage: Array
Prix: 18 euros
ISBN: 978-2-02-140098-4

En dates


1972

Naissance à Planoise, « quartier » de Besançon.


1977

Divorce de ses parents.


1993-1995 

Années de philo et de baby-foot. Décide d'être écrivain.


2002-2004 

Libraire à Besançon,
puis à Lyon.


2004-2006 

« Chef de rang » au restaurant Come Prima, à Luxembourg.


2008 

Publie son premier livre chez Hugo & Cie, « Bad trip ».

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