adaptation

Fin 2023, Warner Bros. Games recensait plus de 22 millions d'exemplaires vendus d'Hogwarts Legacy : L'héritage de Poudlard, un jeu qui mettait à l'honneur l'univers Harry Potter. Si les liens entre le jeu vidéo et le cinéma ne sont plus à établir, qu'en est-il du jeu vidéo et de la littérature ? En France, il n'existe pas de statistiques quant au nombre d'adaptations littéraires confiées aux éditeurs de jeux. Mais il y a fort à parier que le phénomène va s'amplifier, le jeu vidéo étant le premier marché culturel en France avec 37,4 millions de joueurs. 

De la littérature au jeu vidéo, il n'y a parfois qu'un chemin de traverse. Et ça, Jakub Szamałek le sait bien. En 2012, soit un an après la parution de son premier roman, Quand Athéna détourne le regard, l'écrivain polonais s'est retrouvé un peu par hasard aux manettes du scénario de The Witcher 3. « Comme le jeu vidéo est un secteur encore jeune, les studios vont souvent piocher du côté des écrivains pour trouver un scénariste. C'était le cas du studio CD Projekt RED, qui avait posté une annonce sur leur site. » Le succès sera au rendez-vous pour ce troisième opus de la saga vidéoludique de dark fantasy : 40 000 000 exemplaires vendus, un accueil dithyrambique de la critique et du public et, surtout, un regain d'intérêt pour la série littéraire du Sorceleur d'Andrzej Sapkowski, dont The Witcher n'est qu'une émanation. 

Surnommé « Le Seigneur des anneaux polonais », le Sorceleur a fait une arrivée plus confidentielle en France. La première édition du Dernier vœu, un recueil contenant les premières nouvelles de la série, a été écoulée à 3 940 exemplaires en 2003. Mais après la sortie du jeu, son éditeur français, Bragelonne, multipliera les publications liées à la saga. L'adaptation du monde d'Andrzej Sapkowski semble avoir boosté - et non pas supplanté - son matériau d'origine, comme l'explique Jakub Szamałek : « Le studio voulait retranscrire fidèlement l'univers des livres pour que les lecteurs se retrouvent dedans. Mais dans la littérature, il suffit parfois d'une seule phrase pour créer une ville entière. Un endroit décrit en quatre lignes dans un chapitre va peut-être nécessiter des années de travail dans sa forme vidéoludique. Nous utilisons cette base pour y apporter quelque chose de nouveau. »  

La littérature est un jeu

Ce n'est pas Bernard Werber qui dirait le contraire. En 2000, Les fourmis est un des premiers livres français à passer la barrière de l'adaptation vidéoludique. La colonie de fourmis rousses de Bel-o-kan se fait le théâtre d'un jeu de stratégie, à l'image de ceux que l'auteur de best- sellers affectionne tant. En 2024, Les fourmis reviendra sous la forme d'un nouveau jeu vidéo mêlant gestion et aventure. « Le jeu vidéo s'est considérablement développé depuis les années 2000. J'ai eu envie de réitérer l'expérience pour voir où le progrès technique nous emmènerait. Le joueur peut désormais apprendre à gérer la colonie, déambuler dans de beaux graphismes et même combattre des ennemis. » Comme le premier, le jeu est édité par Microïds. La filiale jeu vidéo de Média- Participations est familière de l'exercice : c'est là-bas que Benoît Sokal créait Amerzone en 1999, devenant le premier auteur français à investir le médium. Elle est aussi à l'origine de plusieurs jeux Astérix. Le dernier, Baffez-les tous ! 2 , est sorti en même temps que L'iris blanc.  

L'histoire littéraire n'est pas en reste. Ovnis dans le paysage vidéoludique, les développeurs de Tale of Tales avaient imaginé une expérience sans pareil en 2013 avec Bientôt l'été, un hommage onirique à Marguerite Duras. Dix ans plus tard, les équipes d'Arte ont jeté leur dévolu sur Boris Vian, en collaboration avec la coopérative La Poule noire, en adaptant Et on tuera tous les affreux. Le Los Angeles fictif des années 50 imaginé par le romancier est retranscrit en point and click jazzy et proche du film noir. Duras, Vian, Werber, Uderzo... Qui sera le prochain ? L. C.

06.03 2024

Les dernières
actualités