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Domouk, une librairie 2.0 pour les indépendants et pas seulement

Vincent et Robinson Joubert ont lancé Domouk en 2023, une place de marché pour auteurs et éditeurs indépendants - Photo D.R.

Domouk, une librairie 2.0 pour les indépendants et pas seulement

La structure créée il y a deux ans par un père illustrateur et son fils développeur compte une centaine de vendeurs de livres en ligne, et cherche des investisseurs.  

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Par Éric Dupuy
Créé le 23.04.2025 à 11h16

Lancée il y a deux ans sans soutien financier, la plateforme Domouk, créée par Vincent et Robinson Joubert, père et fils, continue de se développer. Convaincus que la proposition dédiée à l’édition indépendante finira par convaincre partenaires et investisseurs, les fondateurs ont lancé une deuxième version de cette place de marché en ligne.

Plus qu’une mise en ligne de catalogues

Sur ce site BtoC ou « Business to Consumer », chaque vendeur gère son stock, ses commandes et ses livraisons. Mais l’ambition dépasse la simple mise en ligne de catalogues. « Nous voulons faire plus que vendre : réfléchir à ce qui ne fonctionne plus dans le modèle de diffusion actuel, et tester des solutions concrètes », résume Robinson, 25 ans et à l’initiative de plusieurs projets digitaux dans différents domaines. La plateforme propose ainsi un blog de valorisation éditoriale, un forum professionnel, et expérimente des modèles de précommande pour éviter la surproduction.

« Lors de salons, je constatais systématiquement à quel point la visibilité et la distribution étaient compliquées pour les créateurs indépendants, qu’ils soient autoédités ou publiés chez de petits éditeurs », explique Vincent Joubert, 54 ans, graphiste et auteur. De ce constat, les deux conçoivent Domouk comme un outil accessible, éthique, et dédié au livre et à l’image.

L’objectif est double : faciliter la gestion quotidienne des éditeurs et offrir aux lecteurs une expérience fluide, sur un site désormais mieux outillé pour la conversion après une mise à jour. « C’est une refonte complète du parcours utilisateur et du back-office éditeur, avec un tableau de bord enrichi, une interface graphique repensée, et une meilleure visibilité des performances commerciales », détaille le jeune Joubert.

Aujourd’hui, la plateforme compte près de 100 vendeurs actifs et un catalogue de près de 500 titres, en croissance continue grâce à l’intégration automatique des fonds éditoriaux. Côté audience, le site enregistre 23 000 impressions et environ 500 consultations par semaine, « un trafic qualifié, de personnes qui viennent avec un véritable intérêt pour les ouvrages et les éditeurs présents » poursuit-il.

Une logique de visibilité intégrée

Consciente que la réussite d’une plateforme repose sur plus que l’outil lui-même, l’équipe a misé sur le référencement SEO et une intégration technique poussée. « Tous nos produits sont synchronisés avec Google Shopping. Cela permet à un livre publié sur notre plateforme de se retrouver au même niveau que ceux référencés chez Amazon ou la Fnac dans les résultats de recherche », souligne Robinson.

Le modèle économique repose sur une commission fixe de 8 % (+0,25 € par transaction), sans prélèvement sur les frais de livraison, « pour rester équitable envers les créateurs », martèle le père.

Plus largement, Domouk s’inscrit dans une évolution du rapport au livre. « Les lecteurs d’aujourd’hui veulent suivre un projet, comprendre ce qu’ils achètent, parfois même participer à sa création. La logique du “produit fini posé en rayon” ne suffit plus », analyse Robinson Joubert, qui voit dans « le crowdfunding ou la communication directe des leviers puissants d’adhésion » tandis que « des maisons d’édition historiques sont encore peu présentes en ligne ». C’est pourquoi Domouk mise sur des logiques de proximité, d’interaction et d’accessibilité.

Une dynamique à financer autrement

Privé récemment de l’appui institutionnel du Centre National du Livre (CNL), le projet se tourne désormais vers d’autres leviers. « On échange avec des partenaires techniques pour internaliser certaines compétences clés. Et en parallèle, nous ouvrons des discussions avec des investisseurs qui comprennent la transformation numérique du secteur », indique Robinson Joubert. La structure, portée aujourd’hui sous forme de SAS, pourrait évoluer vers une coopérative si la dimension collective du projet l’exige.

Domouk s’inscrit dans un mouvement plus large : celui d’initiatives portées par des acteurs hybrides, entre métiers de la création et compétences technologiques. Dans un marché en recomposition, ces projets esquissent une autre façon de faire vivre le livre. Avec des lecteurs plus proches, des producteurs plus autonomes, et des outils plus souples. Et une certaine idée du lien entre générations.

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