Le Café Richmond de Buenos Aires en Argentine, fermé dimanche 14 août, serait en passe de se transformer en magasin de sport.?Le fabricant Nike a assuré dans un communiqué être "étranger à cette décision", sans démentir son intention d'installer une boutique à la place du Café.
Cela a provoqué une vague de protestations dans la capitale argentine : une marche a même été organisée le 16 août.
Teresa de Anchorena, grande figure de la sauvegarde du patrimoine argentin et membre de la Commission des monuments, déplore que le ministre de la Culture de Buenos Aires, Hernan Lombardi, ne soit pas intervenu pour protéger le café, classé, ouvert depuis 1917. De son côté, le responsable de l'ONG "Basta de demoler" (Assez de démolitions), Santiago Pusso, envisage de déposer une plainte contre le ministre "pour avoir manqué à ses devoirs de fonctionnaire". Déjà, le magistrat, Fernando Juan Lima, saisi par Maria José Lubertino, une députée du parlement de Buenos Aires, a ordonné le retour de l'ensemble du mobilier, ainsi qu'une surveillance policière permanente devant le Richmond.
Situé dans la rue Florida, l'établissement était fréquenté par des grands noms de la littérature comme l' écrivain argentin Jorge Luis Borges, et les premiers grands aviateurs comme Antoine de Saint-Exupéry et Jean Mermoz, tous deux habitués à refaire le monde dans la salle du rez-de-chaussée et à jouer au billard au sous-sol.
Le Café avait été mis en scène dans les romans Marelle de Julio Cortazar (Gallimard, 1979) et Le Consul honoraire de Graham Greene (LGF, 1996 ; Robert Laffont, 2003 ; 10-18, 2008). En outre, Le Richmond représente un patrimoine cher à la Belgique, puisque les décors, notamment les boiseries, sont l'oeuvre de l'architecte belge Jules Dormal, qui a dirigé les travaux du Théâtre Colon, le grand opéra argentin récemment rénové.