L'Agence régionale du livre Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) travaille depuis 2013 autour de la diversité culturelle, avec les bibliothèques comme partenaires de premier plan dans ces initiaves. L'ensemble des ressources accumulées a été rassemblé sur le site de l'Agence. Le portail donne accès aux textes de référence en matière de promotion de la diversité culturelle et linguistique en bibliothèque, à des textes et interventions de bibliothécaires, à deux mémoires d'étude sur les publics issus de l'immigration, à la présentation d'établissements emblématiques tels que la médiathèque du Musée national de l'histoire de l'immigration, à Paris, à des informations pratiques, en particulier des contacts de fournisseurs de livres en langues étrangères.
Des collections en langues étrangères insuffisantes
Une enquête menée en 2015 par l'Agence du livre PACA a mis en évidence le déficit de collections de livres en langues étrangères dans les bibliothèques de la région. Parmi les 90 des 450 bibliothèques de la région ayant répondu à l'enquête, toutes proposaient des livres en anglais, 40 d'entre elles n'avaient des ouvrages que dans quelques langues occidentales, le plus souvent avec des fonds de moins de 500 documents, constitués bien souvent de dons ou de dépôt de la bibliothèque départementale.
"Les collections en langues étrangères des bibliothèques de la région ne reflètent pas la grande diversité de la population”, a relevé Ameline Habib, attachée d'information à l'agence régionale du livre PACA. L'enquête a permis d'identifier les principaux obstacles au développement de ces fonds : l'absence de volonté politique, le manque de connaissance des langues étrangères spécifiques par les bibliothécaires, la difficulté de cibler les publics concernés et leurs attentes, la difficulté d'acheter ces ouvrages, les questions autour de la valorisation de ces fonds.
Récolter les fruits (du baobab)
La bibliothèque départementale des Ardennes a, quant à elle, mené en 2018 un projet d'ateliers d'écriture associant deux bibliothèques publiques, trois centres de lutte contre l'illettrisme et deux CCAS. L'équipe formée pour le projet a réuni pendant huit mois, à raison de deux rencontres par mois, vingt participants en difficulté avec la langue française. Les ateliers ont donné naissance à des textes rassemblés dans un joli livre, Les fruits du baobab, une exposition et une sélection de livres. Le tout forme un kit prêté aux bibliothèques et tout autre lieu d'accueil du public, pour sensibiliser le public et les élus à la problématique de l'illettrisme et pour changer le regard sur les personnes en difficulté avec la langue française. "Il y a la frontière de la langue mais aussi la frontière symbolique qui fait dire à certaines personnes que la bibliothèque, ce n'est pas pour eux, a souligné Jean-Rémi François, directeur de la bibliothèque départementale. A nous de contruire des ponts, non des barrières, et de toujours réfléchir aux besoins de nos territoires et de nos publics".