Il y a un an La Poste tentait l’expérience de bureaux pionniers, « pour faciliter le parcours des clients et réduire le temps d’attente. » 24 agences dotées d’un coin boutique : la consommation comme alternative à la file d’attente.
Pour La Poste, il s’agit, comme avec La Banque Postale, d’anticiper la perte de part de marché dans l’envoi de courrier. En 2009, son monopole dans le domaine disparaîtra. Mais, forte d’un maillage territorial exceptionnel, elle entend profiter de son réseau et de son utilité incontournable pour offrir de nouveaux services, parmi lesquels… la vente de livres.
La société prend les devants en assurant qu’elle ne deviendra pas un libraire. Les ouvrages diffusés ont un lien avec l’univers de la correspondance. Champ assez vaste qui comprend aussi bien un guide touristique dans un village dépourvu de kiosque qu’un beau livre signé Yann Arthus Bertrand. Chaque bureau propose sa propre sélection et les partenariats avec les éditeurs sont faits au cas par cas. Par exemple, Drôle de boîte aux lettres de Philippe Saharoff (chez Aubanel) côtoiera papeterie et carterie. On peut imaginer que le livre Wepler, soutenu par La Fondation La Poste, y trouvera toute sa place en France.
La Poste garantit qu’elle n’ouvrira pas de boutiques si une librairie se trouve à proximité. Cependant, le procédé est en « phase d’industrialisation » et devrait atteindre la moitié des 2500 bureaux postaux d’ici à fin 2007. Au Québec, certains bureaux sont intégrés dans des commerces multi-produits (dont des livres et des magazines). En Italie (voir LH n°641, daté du 14.04.2006), 400 bureaux disposent de tourniquets composés de livres, DVD et papeterie. Et avec une telle force de frappe et une clientèle si captive, pourquoi ne pas vendre des produits dérivés plutôt que de diminuer effectivement les files d’attentes (distributeurs de timbres qui fonctionnent, horaires étendus, …) ?