Bibliothèque

La question préoccupe nombre de bibliothécaires et pourtant les adolescents sont de plus en plus nombreux à fréquenter leurs établissements - 54 % des 15-24 ans français, selon les chiffres 2016 du ministère de la Culture, contre 39 % en 2005 -, mais au-delà de cet âge, le taux de fréquentation diminue. « Les adolescents sont un public complexe, difficile à capter, dont on ne connaît pas toujours les codes, qui vient en groupe... et qui est moins gratifiant que les enfants », analyse Sonia de Leusse-Le Guillou, qui était directrice de l'association Lecture Jeunesse lorsqu'elle a publié en décembre une étude sur les partenariats entre bibliothèques départementales et collèges. Alors comment les accueillir ?

Certaines bibliothèques font le choix de ne pas avoir d'espace réservé. « Ne pas mettre de nom sur l'espace ado permet de ne pas les assigner à un endroit. Ils n'aiment pas ça ! », avance Virginie Rose, directrice de la bibliothèque Le Petit Prince, ouverte le 5 février à Calais. Celle de Pleslin-Trivagou (Côtes-d'Armor), inaugurée quelques semaines plus tôt, a fait le même choix.

Il faut les considérer comme des adultes, conseille l'association Lecture Jeunesse dans un stage donné à l'équipe de L'Échapée (Rillieux-la-Pape, métropole de Lyon) : par exemple, privilégier le vouvoiement puis demander si le jeune préfère le tutoiement. « Utiliser ou non le prénom pour s'adresser aux jeunes connus est, de la même manière, laissé au libre arbitre de chacun, selon son style, sa personnalité et le contexte. »

L'environnement global compte. À Challans (Vendée), le piano placé dans le hall de la médiathèque constitue un élément d'attraction pour les jeunes qui l'entendent depuis le parc. « On voit entrer des ados curieux, ou d'autres qui franchissent le seuil parfois pour récupérer un ballon juché sur le toit, mais ressortent (cela arrive !) avec une carte de la médiathèque », sourit la responsable adolescents/adultes Karine Cnudde.

Et pour les amener vers la lecture ? « Beaucoup se contentent des mangas qu'ils lisent et relisent, ou des mêmes séries BD. Nous ne faisons pas de "forcing", sachant très bien que les prescripteurs à cet âge sont plutôt les amis que les adultes, note Agathe Lescos, responsable de la médiathèque de Calmont (Aveyron). Cependant, lorsqu'un jeune est frustré de ne pas avoir son tome ou la suite de sa série, c'est le moment de lui glisser une proposition alternative, et parfois ça marche ! » Gratifiant. F. G.

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