Le week-end du 20 et 21 février, la quatrième édition du
festival littéraire de Lahore (à ne pas confondre avec la Foire du livre de Lahore qui a lieu deux semaines plus tôt) a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans la capitale culturelle du Pakistan, rapporte l’AFP. De tels événements s'efforcent de reconquérir un espace pour la culture dont la place a notoirement diminué ces dernières années dans la république islamique secouée par des violences extrémistes.
Offrant une plateforme d'expression à toutes les formes d'art, du cinéma à l'architecture en passant par la musique ou la poésie, cette manifestation permet des échanges entre intellectuels modérés du monde musulman. "
C'est une bonne chose. Ce qui m'attriste particulièrement quand on parle de l'islam et des musulmans (…) c'est qu'on ne connaît pas leurs auteurs, leurs histoires", souligne Mohammed Hanif, qui s'est fait connaître dans le monde littéraire par un roman traduit en France en 2009,
Attentat à la Mangue (éditions des Deux Terres). "
Très peu de choses sont traduites depuis ces langues. Donc c'est très bien de voir des écrivains palestiniens, égyptiens", a-t-il expliqué à l'AFP. Parmi les participants, on notait la présence de Mohsin Hamid, Emma Woolf, Richard Blair et C.M. Naim. Un prix honorifique a été remis à l'artiste Musarrat Mirza,
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Les critiques estiment que les gouvernements pakistanais successifs, influencés par les conservateurs religieux, n'ont pas fait grand-chose pour encourager l'art, entravant parfois même son expression. Les autorités ont interdit en 2007 le festival de cerf-volant du Basant, longue tradition à Lahore, accusé par des islamistes de propager la culture hindoue. Mais cela n'a pas empêché l'émergence d'événements littéraires: quelques semaines avant le festival de Lahore, le principal du pays, avait lieu celui de Karachi. Celui d'Islamabad est prévu sous peu.
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C'est important de montrer au monde entier que nous ne sommes pas un pays qui ferme ses portes, mais que nous sommes en train d'ouvrir des espaces qui permettront à la pensée libre et à la recherche critique de circuler", estime le fondateur et dirigeant du festival de Lahore, Razi Ahmed.
Les violences ont diminué ces deux dernières années au Pakistan, depuis le début d'une campagne militaire visant les groupes islamistes armés notamment dans le nord-ouest du pays, frontalier de l'Afghanistan. Le festival de Lahore a néanmoins dû déménager à la dernière minute vers l'hôtel Avari à la demande des autorités, qui affirmaient ne pouvoir assurer la sécurité des lieux culturels publics.
Razi Ahmed espère que cela n'empêchera pas la cité millénaire et son architecture moghole de continuer à inspirer les auteurs, comme elle l'a fait avec Rudyard Kipling ou le poète révolutionnaire Habib Jalib. "
Lahore est un centre d'idées au niveau international, déclare Razi Ahmed
. Nous essayons de maintenir cela".