Librairie

Dans une tribune, le monde du livre alerte sur la montée des violences ciblant les librairies

En 2018, la librairie lilloise La Place Ronde avait été vandalisée. - Photo Fabienne Van Hulle

Dans une tribune, le monde du livre alerte sur la montée des violences ciblant les librairies

Dans une tribune publiée ce mardi 7 octobre dans Le Monde, les principales organisations professionnelles représentant les libraires, les éditeurs, les auteurs et les bibliothécaires dénoncent la recrudescence d’attaques visant les librairies indépendantes. Elles appellent également à défendre ces espaces de débat et de pluralité, aujourd’hui pris pour cibles par des « groupuscules ou des individus se réclamant d’idéologies extrémistes ».

J’achète l’article 1.5 €

Par Élodie Carreira
Créé le 07.10.2025 à 12h44

Des vitrines brisées, des libraires injuriés, des débats et des rencontres avec des écrivains empêchés. Le constat dressé par les professionnels du livre est d’une gravité absolue : partout en France, les librairies sont « de plus en plus régulièrement les cibles de campagnes de dénigrement ou de cyberharcèlement particulièrement violentes, allant jusqu’à des dégradations ou des menaces physiques, de la part de groupuscules ou d’individus se réclamant d’idéologies extrémistes ».

Or, pour Hélène Brochard, présidente de l’Association des bibliothécaires de France, Alexandra Charroin Spangenberg, présidente du Syndicat de la librairie française, Christophe Hardy, président de la Société des Gens de Lettres, Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition ou encore Séverine Weiss, présidente du Conseil permanent des écrivains, principaux signataires d’une tribune parue dans Le Monde ce mardi 7 octobre, « de telles agressions ne peuvent que nous interpeller », déclarent-ils, appelant à refuser la banalisation de cette violence, et à lutter contre elle.

« Ces manifestations de violence n’ont d’autres buts que de provoquer la peur »

« Selon l’idéologie des agresseurs, les livres présentés sur table ou l’auteur, l’autrice, invité(e) ce jour-là, une librairie peut se voir tantôt accusée d’être antisémite, tantôt complice du gouvernement israélien, queer ou pro-patriarcat, d’extrême gauche puis d’extrême droite… », dénoncent les représentants de la filière. Autant d’incriminations, qui, selon eux, contreviennent à ce que doit être et rester la librairie : un « refuge pour le savoir et la création ».

« Ces manifestations de violence, motivées par le seul fait que certains livres sont vendus, présentés ou débattus avec leurs auteurs en librairie sont inacceptables. Elles n’ont d’autres buts que de provoquer de la peur et d’induire une forme d’autocensure au sein de librairies dont l’une des principales raisons d’exister est précisément de permettre l’exposition de débats qui traversent notre monde et nos sociétés », complètent-ils, soulignant le caractère « indispensable » et « non négociable » de la pluralité de réflexion pour mieux appréhender un monde complexe.

Les librairies, des lieux « singuliers et précieux » de création et de diversité

Rappelant également que les ouvrages au cœur des tensions ne font l’objet d’aucune procédure judiciaire, les signataires conviennent donc qu’il en va de la responsabilité, et de la liberté de chacun, de « les lire ou de les ignorer, mais en aucun cas de tenter de les invisibiliser par la menace ». Pour que les libraires puissent donc mener à bien leur activité et leurs missions, les représentants des différentes professions du livre invitent donc au respect et à la préservation de « ces lieux singuliers et précieux que sont les librairies, toutes différentes mais ouvertes sur le monde, sur la création, sur la diversité et sur une certaine idée de l’ouverture à l’autre que porte le livre ».

Cette tribune voit le jour plus d’une semaine après que la librairie Le Failler, à Rennes, a été vandalisée. Mais elle s’inscrit également dans un contexte plus large de crispations dans « une société de plus en plus polarisée et intolérante, où certains considèrent qu’il faut faire renoncer les libraires à vendre des livres qui ne leur plaisent pas », nous confiait Guillaume Husson, délégué général du SLF la semaine passée. Des divergences d’opinions qui, ces derniers mois, se sont manifestées à travers une série d’actes malveillants en direction de nombreuses librairies indépendantes, à Paris et ses alentours, à Nantes, Marseille, Lille ou encore à Périgueux.

Les dernières
actualités