10 avril > Essai Grande-Bretagne

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Une femme vient essuyer avec son voile le visage de Jésus sur le chemin de croix. Ses traits s’impriment miraculeusement sur le tissu. C’est, selon la tradition, la « vraie image » du Christ, la « vera ikôn » à l’origine de l’appellation de la femme au linge. Véronique va donner à son tour son nom au genre en peinture consacré spécifiquement à la représentation de la Sainte Face. L’iconographie chrétienne figure la sainte exhibant le voile miraculeux ou encore le portrait du « Fils de Dieu » sur une étoffe flottant dans l’espace du tableau. Si le suaire original a disparu, l’image canonique est fixée. Sourcils asymétriques, raie au milieu, cernes, pommettes marquées, sillon nasal accentué, barbe en pointe qui bifurque… Ces critères trouvent en vérité leurs sources dans le suaire de Turin, drap censé avoir enveloppé tout le corps du Christ et devenu objet de dévotion… Un test au carbone en 1988 prouve que la relique est un faux réalisé au Moyen Age. L’Eglise s’est vite rangée aux conclusions des laboratoires. L’historien d’art anglais s’est passionné par ce qui est demeuré l’une des plus grandes énigmes de la chrétienté et a fasciné des générations de « mordus du suaire » - les sindonologues. L’auteur du Signe : le suaire de Turin et le secret de la résurrection, Thomas de Wesselow, quoique agnostique, réfute la thèse de l’imposture médiévale : d’une part, la conservation et la restauration du linceul, sauvé d’un incendie, ont été trop mauvaises ; d’autre part, il est impossible - c’est l’expert en art qui parle - qu’un peintre au Moyen Age ait conçu une telle image, à savoir qui tiendrait en sorte compte d’une vision du corps en trois dimensions.

Outre toutes les histoires concernant les acheiropoieta, les portraits de Jésus « non faits de main d’homme » (Abgar, le roi d’Edesse, en aurait un de lui de son vivant, le Mandylion), tout l’intérêt de cette copieuse enquête avec ses déductions à la Hercule Poirot et son atmosphère à la Dan Brown est de replacer l’histoire de l’Eglise chrétienne primitive dans son contexte. Rappeler que Paul qui••• dans ses épîtres, dont la rédaction précède celle des évangiles, ne met pas particulièrement en avant la résurrection en chair et en os… Aussi, au mystère du suaire Thomas de Weslow ajoute celui de la résurrection pour mieux les élucider. Les deux sont inextricablement liés et tout à •••explicables de manière rationnelle. Le linge mortuaire qui enveloppa le corps du Christ montrait une image « vraie », à savoir une présence réelle à des gens - les juifs du pre mier siècle - qui n’étaient pas habitués aux images prohibées dans leur culture mais dont les Ecritures annonçaient la venue du Messie. Sean J. Rose

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