Christian Garcin - dont L’Escampette propose également des Carnets d’Orient - a publié quatre livres dans la collection "L’un et l’autre" entre 1993 et 2012, de Vidas à Borges, de loin, couronné par le prix Roger-Caillois. Collection à la couverture bleu nuit que dirigeait son ami durant plus de vingt ans, J.-B. Pontalis. Le psychanalyste et écrivain qui avait participé avec Sartre à la création des Temps modernes. Un "Jibé" décédé, comme il l’avait souhaité, le jour de son anniversaire, à l’âge de 89 ans. Garcin a appris sa mort à Valparaiso par un SMS alors qu’il visitait un musée non loin du Pacifique.
"Je regrette un homme que j’ai aimé, et ne sais trop que dire à part ça. J.-B. n’était pas un père de substitution, il n’y a jamais prétendu, je n’y ai jamais pensé. Il était bien trop loin de ce qu’était mon père, avec qui je n’ai jamais eu de rapports si conflictuels ni si intimes que j’aurais été amené à tenter de les réparer, ou de les restaurer dans ma relation avec J.-B. Il était un ami cher, voilà tout", écrit l’auteur du Vol du pigeon voyageur (Folio, 2002). Il relate leur première rencontre chez Gallimard, rue Sébastien-Bottin, où Pontalis vint le chercher à la réception et le reçut dans son minuscule bureau du deuxième étage qui "sentait terriblement la clope". Au fil des pages d’un "livre si bancal, écrit au fil des pensées", surgissent des tableaux, des photos, des souvenirs de dîners et de conversations. Avec un être drôle et intelligent, qui frappait par "sa gentillesse autant que sa simplicité", que l’on retrouve avec émotion dans un mince volume qui se veut comme une "accolade", un " abrazo ". Al. F.