Le mille-feuille français. D'année en année, de chantier en chantier, l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) affirme son rôle indispensable dans la sauvegarde de notre patrimoine, menacé par l'urbanisation, l'artificialisation des sols. Mais les archéologues de l'Inrap ne sont pas seulement des sauveteurs dans l'urgence, ce sont aussi des historiens qui étudient les artefacts retrouvés et tracent de méticuleux relevés des sites, avant que le béton ne les détruise et recouvre à jamais.

Sous la direction de Dominique Garcia, son président, et de Marc Bouiron, son directeur scientifique, l'Inrap propose cet atlas, dont chacun des chapitres représente une strate archéologique de notre sol, occupé depuis un million d'années, métropole et outre-mer confondus. À travers les cartes parlantes du livre, le lecteur voyage donc des premiers sites de peuplement par l'Homo sapiens jusqu'à notre époque et les tristes vestiges qu'elle est en train de laisser : sites industriels en ruine, polluants, décharges de déchets toxiques etc. L'archéologie, contrairement à une idée reçue, ne se réfugie pas dans le passé, elle intègre également les problématiques d'aujourd'hui, par exemple : comment traiter les vestiges du colonialisme ? La France, comme tous les pays d'« antique civilisation » (Malraux), est un mille-feuille de peuples et de constructions. Creuser sa terre, c'est remonter le temps, retrouver son histoire, y compris oubliée : comme, récemment, dans le transept de Notre-Dame, ces vestiges de tombes médiévales enfouis par Viollet-le-Duc. L'Inrap redresse aussi quelques torts.