Agé de 47 ans, il avait déjà été menacé à plusieurs reprises par des individus “agissant au nom de la défense de l’Islam”. Il bénéficiait d’une protection policière depuis l’incendie volontaire du journal en 2011, suite à l’affaire des caricatures de Mahomet. Le policier chargé de sa sécurité est également décédé dans la fusillade.
Stéphane Charbonnier, dit Charb, né le 21 août 1967 à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, s’est formé seul. Il publie ses premiers dessins dans le journal du collège à Pontoise, signant alors encore de son vrai nom. Il dessine ensuite pour les Nouvelles du Val-d’Oise, l’hebdomadaire local, et entame des études de publicité qui, pense-t-il, lui permettront de continuer son apprentissage du dessin tout en lui garantissant un emploi à la sortie. Il abandonne cependant au bout de quelques mois. Tout en étant surveillant dans un collège d’Argenteuil, il continue de dessiner pour les programmes des salles de cinéma Utopia, et de placer ses illustrations satiriques dans diverses revues, notamment dans le fanzine Canicule.
En 1991, Charb rejoint son idole Cabu à La Grosse Bertha, avant de participer avec lui en juillet 1992 à la refondation de Charlie Hebdo, journal dans lequel il publiait encore jusqu’à aujourd’hui l’essentiel de ses dessins et textes. Il venait d'ailleurs de signer dans le dernier numéro de Charlie Hebdo un dessin tristement prémonitoire.
Charb dans le Charlie Hebdo de la semaine. pic.twitter.com/jb2rcR5W8H
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 7 Janvier 2015
“Mourir debout”
Lorsqu’il est porté à la direction de Charlie, en 2009, Charb est conscient des risques qu’il prend, mais il maintient la ligne d’un humour corrosif radical. Sa rubrique dans Charlie Hebdo, intitulée Charb n’aime pas les gens, était à l’image de son style tout entier : toujours caractérisée par un ton irrévérencieux et piquant, un trait lâché et des dialogues acérés. “Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit, déclarait-il au Monde il y a deux ans. C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux.”
Au cours de ces vingt dernières années, les dessins de Charb ont également été aperçus dans le journal de la Fédération anarchiste Le Monde Libertaire, Télérama, Mon Quotidien, L’Humanité, Fluide Glacial, Libération, ou bien encore sur Canal+.
Le 26 février prochain, la maison d'édition créée par Charlie Hebdo, Les Échappés, doit publier un ouvrage de Charb s’intitulant Lettres aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des communautaristes et des racistes, dans lequel il expose les conséquences du racisme lié à l’islam et à l’islamophobie.
Le volume 2 des Fatwas de Charb : petit traité d’intolérance a été publié le 4 septembre dernier par Les Échappés. Le caricaturiste à la plume acide avait également signé par le passé les séries Maurice et Patapon (Hoëbeke, 6 volumes) ou encore Marcel Keuf, flic emblématique de Fluide Glacial (Les Échappés).