Princesse guerrière. Elle était la seule mortelle des trois Gorgones, son nom signifiait « celle qui protège », mais elle était celle que l'on décapite dans la mythologie grecque. Méduse, la chevelure de serpents, le regard létal, a fini par devenir une icône féministe : Hélène Cixous dans Le rire de la méduse et l'autrice de bande dessinée Noémie Fachan qui se représente sous ses traits, la dépeignent comme une grande incomprise, punie après avoir subi un viol, symbole de la peur des hommes pour la puissance des femmes. Et puis ce fut au tour de Circée d'être réécrite par l'autrice américaine Madeline Miller, qui en a fait également une femme de pouvoir mise au ban de sa société. Creuset d'inspiration inépuisable pour les artistes, la mythologie aussi est perméable à l'air du temps. Et même le lectorat jeunesse a droit à ses réinventions.

C'est ce qu'affirme Cassandre Lambert à travers Atalante, sa nouvelle série littéraire en deux tomes. Très remarquée pour ses deux premières sagas (également en deux tomes chez Didier Jeunesse), L'antidote mortel et L'empire des femmes, la jeune autrice délaisse les mondes imaginaires qu'elle y a bâtis, direction la Grèce antique. C'est là, au creux d'une forêt, que la fille d'un roi illustre est abandonnée à la naissance. Bénie par la déesse Artémis, elle est recueillie par deux hommes et fait rapidement montre d'une force et d'une vivacité prodigieuses. Atalante, puisque c'est son nom, n'aura dès lors qu'un seul désir : rejoindre la tribu des Amazones. De mentors en mentors, de combats en combats, Atalante se fraye un chemin dans un monde d'hommes qui préféreraient la voir claquemurée dans un palais.

Son épopée donne des envies d'aventures épiques et peut se découvrir conjointement à celle de son autrice, qui a participé à l'édition 2024 de Koh-Lanta − elle fut la première écrivaine à se lancer. « Merci à toute la promo Koh-Lanta 2024 qui ne m'a pas DU TOUT aidée dans l'écriture de ce bouquin mais avec qui j'ai eu la chance de vivre une aventure incroyable qui m'inspirera, j'en suis sûre, un tas de belles histoires. » Si les remerciements de fin de livre ont parfois leur part d'incongru, celui-ci a de quoi interpeller. Artémis aurait-elle encore frappé ?