«Tous les ans, au Festival de Cannes, les vedettes impalpables quittent la pellicule, et s’offrent au regard des mortels ». Le rendez-vous des amoureux du 7e art aura fait couler beaucoup d’encre. Mais les mots du philosophe Edgar Morin appartiennent à la catégorie des plus mémorables. Voire, la citation peut même être enrichie. Les « vedettes impalpables » ne font pas que quitter la pellicule. Parfois, elles donnent chair à des personnages de papier issus d’adaptations littéraires. Le cinéma en est friand, et les festivals se font bien souvent le théâtre d’un va-et-vient constant entre producteurs et éditeurs. Cannes, qui entame sa 76e année d’existence, n’en est pas exempt.
En atteste un autre anniversaire marquant : les dix ans de Shoot the book!, cette opération lancée par la SCELF et le Marché du Film de Cannes, découpée en deux étapes : une session de pitchs par les maisons d’édition puis de rencontres entre acteurs de l’industrie du livre et du cinéma. Du 18 au 19 mai 2023, 12 publications, dont huit françaises, seront examinées au prisme de leur potentielle adaptation en film.
Dans les salles de projection, les spectateurs pourront également découvrir des long-métrages tirés d'œuvres littéraires. Trois d’entre elles sont en lice pour la Palme d'or, à l’instar de La Passion de Dodin-Bouffant de Tran Anh Hung, qui revisite le classique de Marcel Rouff de 1924, porté par le duo Benoît Magimel-Juliette Binoche. Autre sélection, autre adaptation : à la Quinzaine des Cinéastes, Bertrand Mandico dévoilera Conann, sa version fantasque de Conan le Barbare, héros de fantasy inventé par Robert E. Howard en 1932. « Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse », disait Jean-Luc Godard, dont l’absence planera sur la Croisette. A l’annonce de ce programme, on serait presque tenté de baisser la tête, pourtant. Non pas pour regarder la télévision ; mais pour lire un livre.
