Call Me By Your Name est l’adaptation du roman d’André Aciman, édité une première fois à L’Olivier en 2008, traduit par Jean-Pierre Aoustin, et réédité chez Grasset le 7 février dans la collection « En lettres d’ancre ».
Contrairement au livre, le film s’achève en hiver, celui qui suit l'été où le jeune Elio (Timothée Chalamet) et Oliver (Armie Hammer) tombent amoureux. La dernière partie du livre, qui déroule les années qui suivent, servira de base aux suites qu’envisage le réalisateur Luca Guadagnino, qui voudrait en faire une chronique familiale en plusieurs épisodes.
Ce ne sont pas les seuls changements. Le film raconte au présent ces vacances italiennes du début des années 1980 tandis que le livre est un souvenir de cette période. Call me by Your Name est filmé davantage du point de vue d’Elio quand le livre est lui, plus « choral ». Enfin, l’action a été déplacée de la Sicile montagneuse à la campagnarde Lombardie.
Pour le reste, James Ivory (Retour à Howard’s end, Chambre avec vue, Les vestiges du jour), a signé une adaptation fidèle et sensorielle où la frustration et le désir produisent une étrange alchimie entre les deux personnages principaux, qui n’aurait pas déplu à Michel Foucault, aussi bien à travers le lien entre sexe et pouvoir qu'au regard de la transgression assumée.
« Il y a dans le film quelque chose de L’ennui d’Alberto Moravia » explique à Livres Hebdo le réalisateur. Ce récit où un jeune homme d’une riche famille romaine s’occupe sans joie à peindre, incapable de socialiser alors que rien ne se passe dans sa vie. « L’été est propice à l’ennui. Tout va plus lentement. C’est un moment idéal pour se découvrir. Ce n’était pas une référence explicite au film, mais j’y vois un lien évident, inconscient », nous explique-t-il.
Après un jeu de faux-semblants où Elio et Oliver se jaugent et se rejettent, leur attirance est irrésistible et s’affirme. Mais le couple va être séparé par la fin des vacances, entraînant alors le spectateur dans un torrent d’émotions. Entre désenchantement et mélancolie, le spectateur se laisse séduire dans cet environnement aristocrate qui rappelle certains films de Visconti ou De Sica.
Car, dans ce paradis perdu, érudit et lumineux, le film est l’éloge d'un polyamour et un hymne aux arts - littérature, statuaire antique, musique… Deux facettes qui ancrent l’œuvre dans une philosophie hédoniste où le réel est parfois cruel.