Historien des marges, spécialiste du farfelu, Benoist Simmat, avec son talent de conteur, sa verve et son humour coutumiers, dresse aujourd'hui le catalogue (non exhaustif, précise-t-il dans sa conclusion, qui ajoute une liste complémentaire de sujets possibles) des fiascos coloniaux français, classés en « colonies ratées », « souverainetés utopiques » et « aberrations territoriales », du XVI^e au XX^e siècle. Soit du torpillage par Jacques Cartier, sous François I^er, du projet canadien d'un certain Roberval, jusqu'au Fezzan-Ghadamès, espèce de principauté fantoche taillée en Libye durant la guerre de 39-45 et qui disparaîtra peu après. En passant par la tentative pathétique d'un petit contingent de bonapartistes en exil de créer une principauté au Texas, en 1818, afin d'y accueillir un jour l'Empereur évadé de Sainte-Hélène ! Entre autres. Sur tous les continents, durant des siècles, des Français ont tenté leur chance, seuls ou avec un mandat officiel, mais souvent de façon brouillonne, mal préparés, et avec un manque criant de moyens. Les Anglais, eux, l'adversaire de toujours, ont bien mieux réussi à coloniser, puis à décoloniser.

Cet atlas est à la fois érudit et réjouissant. En revanche, on ne sait pourquoi Benoist Simmat y a glissé un chapitre sur les comptoirs français en Inde. De la fondation de Chandernagor en 1686 à la restitution des quatre établissements restants en 1954, c'est tout sauf une aventure éphémère. Il en demeure un beau patrimoine, la langue française y est encore en usage, surtout à Pondichéry. Et les Indiens sont attachés à cette histoire. Un cocorico parmi tous ces couacs.