Aperçu en France dans des revues et des ouvrages collectifs avant que Cornélius ne rassemble cinq de ses nouvelles dans Rats et chiens (1), revoici Conrad Botes. L'Association publie le travail que l'artiste, figure marquante de la bande dessinée underground sud-africaine, a réalisé en 2000 avec l'écrivain Ryk Hattingh sur La bande à Foster, un gang qui a marqué, en 1914, l'imaginaire des premiers temps de la ville de Johannesburg.
Si l'on s'en tient à leurs faits d'armes - des braquages plus ou moins artisanaux de commerces et de banques de moyenne importance -, la trajectoire de cette bande à Bonnot sud-africaine confine au pathétique. Mais leur célébrité a tenu autant à leurs personnalités hautes en couleur qu'à leur fin romantique. Autour de William Foster, voleur invétéré, déjà condamné, emprisonné et évadé, se retrouvent l'Américain John Maxim, tireur d'élite reconverti dans les spectacles de cirque et la contrebande, et le jeune cambrioleur hollandais Carl Mezar, 20 ans à peine. Et puis, il y a la belle Peggy, compagne de Foster et mère de leur petite fille. Suivi par toute la population de la région après une longue traque menée par des centaines de policiers et de chiens, le siège final de la grotte où la bande s'est réfugiée les fera entrer dans la légende.
Les deux auteurs le retracent à travers l'enquête, de nos jours entre bières et lignes de coke, de deux hommes qui pourraient être leurs doubles ; et en mettant en parallèle leur reconstitution et le récit de la presse de l'époque. Sous le trait sombre et direct de Conrad Botes apparaît la violence brute d'un pays, hier comme aujourd'hui.
(1) Voir "Noire Afrique du Sud blanche", LH 762, du 30.1.2009, p. 29.