Anniversaires

Anniversaires : tous quadras !

Olivier Dion

Anniversaires : tous quadras !

En même temps que Livres Hebdo sont nées de multiples maisons d'édition, librairies, bibliothèques, manifestations et associations qui témoignent du changement d'époque survenu en 1979. _ par Claude Combet, Isabel Contreras, Marine Durand, Véronique Heurtematte, Hervé Hugueny, Clarisse Normand, Fabrice Piault et Anne-Laure Walter

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Par Fabrice Piault
Créé le 13.09.2019 à 15h49

La liste des dizaines de maisons d'édition, de librairies, de bibliothèques, de manifestations et d'associations dédiées au livre créées comme Livres Hebdo en 1979 relève à première vue de l'inventaire à la Prévert. Elle témoigne pourtant, bien au-delà, du changement d'époque survenu alors. L'onde de choc des événements de mai 1968, qui a couru pendant toutes les années soixante-dix, se décèle encore dans les projets de nombre d'entreprises fondées cette année-là, dont nous présentons certaines dans les pages qui suivent. Mais qu'ils aient milité à l'extrême-gauche ou élevé des moutons dans les Causses, les nouveaux entrepreneurs du secteur investissent désormais toutes leurs aspirations dans le livre, pour lequel ils affichent de grandes ambitions.

La volonté de poursuivre le débat, à défaut du combat, par d'autres moyens se retrouve dans l'édition chez Verdier (les sciences humaines à commencer par la philosophie), Métailié (le tropisme latino-américain) ou Terre vivante (l'écologie), comme dans la librairie à La Machine à lire. Plusieurs initiatives témoignent d'une aspiration multiforme à briser les carcans en soutenant l'élargissement des champs du livre. Le renouvellement en germe de la littérature pour la jeunesse se lit dans la création de la librairie Gens de la Lune comme de la bibliothèque Diderot et du Livre de Poche Jeunesse. La fondation de l'Atalante et son orientation vers la science-fiction fait ressortir l'écho croissant des littératures de genres. L'image, aussi, occupe une place croissante qui se reflète dans l'édition d'art (la fondation des éditions du Regard) comme dans l'expansion de la bande dessinée adulte qui suscite la création de Ty Bull ou d'Aladin, précurseuses d'un réseau étendu de librairies spécialisées désormais organisé autour de Canal BD.

Les prémices d'une politique d'extension du réseau de lecture publique, qui ne va cesser de se renforcer dans les deux décennies suivantes, se manifestent dans  l'inauguration de la bibliothèque tête de réseau de Langon, de la médiathèque de Roubaix ou de la BDP de la Creuse. On voit également se développer des bibliothèques universitaires avec celle de Clermont-Ferrand. L'édition manifeste son aptitude à se saisir des innovations technologiques lors du lancement de « Bouquins », tandis que se précise avec la Fnac Forum, inaugurée cinq ans après l'introduction du livre à la Fnac Montparasse, un nouveau modèle de commercialisation du livre qui fera florès. F. P.

A Nancy, le livre trouve sa place

Le livre sur la place- Photo DR

Il fait frisquet ce week-end de juin 1979 à Nancy. Sous l'arc Héré, Roger Mossovic, de la librairie des Arts, pallie les basses températures en distribuant de la soupe chaude à la vingtaine d'auteurs invités à la première édition du Livre sur la place. Cette manifestation municipale dédiée au livre, impulsée par Mia Romero, une journaliste de L'Est Républicain, et par cinq librairies, bénéficie d'emblée d'invités d'exception. « Au moins cinq membres de l'académie Goncourt ont fait le déplacement, en guise d'hommage à Edmond de Goncourt, né à Nancy », se souvient Françoise Rossinot, alors journaliste à L'Est Républicain et devenue en 2007 commissaire générale de l'événement - elle est désormais déléguée générale de l'académie Goncourt.

« Les libraires sortaient les livres et organisaient pour la première fois des signatures en extérieur, poursuit Françoise Rossinot. C'était une manière d'encourager le public à acheter des livres pour les vacances ». Depuis, Le livre sur la place n'a cessé de croître, galvanisé par la foule nancéenne, chaque année au rendez-vous. Les libraires, réunis dans l'association Lire à Nancy, également créée en 1979, étendent peu à peu leur stand. La manifestation passe de l'arc Héré à la place Stanislas pour enfin, en 2004, s'installer place de la Carrière. Aujourd'hui, pendant que les signatures se succèdent sous les chapiteaux, des rencontres sont organisées dans 11 lieux de la ville, dont l'Opéra national de Lorraine. Surtout, depuis 1982, l'événement se tient en septembre. « Nous l'avons décalé en raison de la Coupe du monde de foot, indique Françoise Rossinot. La place Stanislas avait été choisie pour la retransmission des matchs en direct ». Ce décalage dans le temps permet au Livre sur la place de devenir l'incontournable rendez-vous de la rentrée littéraire. Dirigé depuis cette année par Marie-Madeleine Rigopoulos, le festival s'ouvre davantage à l'international. « Si le maire de la ville m'y autorise, je souhaite soumettre à l'Unesco la candidature de Nancy au titre de Capitale mondiale du livre », annonce l'ancienne chroniqueuse de « Cosmopolitaine ». I. C.

Ty Bull, pionnier de la BD

Librairie Ty Bull, à Rennes- Photo DR/TY BULL

En ouvrant en octobre 1979 à Rennes avec une offre exclusive de bandes dessinées, Ty Bull fait figure de pionnier. Comme une petite poignée de librairies, dont Aladin, née la même année à Nantes, le point de vente breton répond à l'émergence de l'édition de BD adulte autour de maisons comme Futuropolis ou Les Humanoïdes associés. Créée par deux femmes, Marylène Noblet et sa sœur, qui, dès 1981, cède ses parts à son beau-frère, Alain Noblet, Ty Bull surfe vite sur l'explosion conjuguée de la demande et de la production éditoriale, dopée, à partir des années 1990, par l'arrivée des mangas, des comics et plus récemment des romans graphiques.

Dans le même temps, Ty Bull crée avec une trentaine d'autres l'association des librairies de bandes dessinées, transformée en 2007 en un groupement permettant de mutualiser certains outils sous le label Canal BD et fédérant aujourd'hui 130 adhérents. Evoluant sur un segment porteur, Marylène et Alain Noblet ouvrent un deuxième point de vente de BD à Nantes, qui, comme le premier, sera vendu en 2004, lors de leur départ en retraite, à la jeune enseigne Album. Une cession malheureuse, puisqu'elle débouche en 2010 sur la fermeture du nouveau magasin et la reprise de l'historique par un libraire indépendant Xavier Rossi. Cependant, début 2019, alors que Ty Bull... Tome 2 réalise sur 60 m2 un chiffre d'affaires de 500 000 euros, Xavier Rossi reprend M'enfin, une librairie de BD créée en 2005 à Rennes et dégageant près d'un million d'euros de CA. C. N.

Le Livre de Poche pour les jeunes

Poche Jeunesse 1979- Photo DR

La naissance du Livre de Poche Jeunesse participe, en 1979, des prémices de l'explosion du livre pour la jeunesse français. Après une tentative chez Rageot dès 1971, le secteur a vu arriver les « Renard Poche » à l'École des loisirs en 1975 et « Folio Junior » en 1977. D'autres suivront. Sur une idée de Jean-Claude Dubost, alors directeur commercial du Livre de Poche, la collection est née de l'association de la Librairie générale française, éditrice du Livre de Poche créé en 1953, avec le département Jeunesse Collections d'Hachette Jeunesse. Mais les premiers titres, dont Les contes de la Saint-glinglin, de Robert Escarpit et Mon bel oranger, de José Mauro de Vasconcelos (1,5 million de ventes) ratent l'office : la SNCF a perdu le wagon contenant les livres.

Comme toute collection de poche, Le Livre de Poche Jeunesse a pour vocation de reprendre pour les 7-15 ans, les grands formats des éditeurs du groupe Hachette et de maisons extérieures, sous une couverture brochée. Il accueille tous les genres, depuis les classiques comme Agatha Christie, jusqu'aux best-sellers telles les séries Percy Jackson, de Rick Riordan (1,5 million de ventes), Alex Rider, d'Anthony Horowitz, et Journal d'une princesse, de Meg Cabot (1 million de ventes), en passant par l'aventure, la fantasy, la science-fiction ou le roman historique. En 1988, la collection se décline en Cadet, Junior, Senior. Elle connaît plusieurs formules (2001, 2007, 2014) et s'ouvre aux inédits.

Aujourd'hui, elle renoue avec la reprise de grands formats, accueillant depuis 2011 les jeunes adultes lecteurs de Twilight, et s'offre des podcasts pour ses 40 ans. C. C.

La machine à lire, actes 1 et 2

La Machine à lire- Photo DR LA MACHINE À LIRE

Créée en septembre 1979 dans le centre historique de Bordeaux par deux jeunes amoureux de la littérature, Henri Martin et sa compagne Danielle Depierre, La Machine à lire reflète le militantisme de l'époque. La librairie de 80 m2 met en avant une offre exigeante et pointue, faisant la part belle à la littérature et aux sciences humaines. Henri Martin fera partie de la poignée de libraires fondateurs, quatre ans plus tard, du groupement L'Œil de la lettre, qui entend à la fois veiller à l'application du prix unique du livre instauré en 1981 et promouvoir la librairie de création.

A Bordeaux, où domine Mollat, la Machine fait son chemin. Après deux agrandissements en 1983 et en 1988, elle déménage en 1996 dans un beau local de 300 m2 au pied d'un immeuble du XVIIe siècle, sur la Place du Parlement. Comme nombre de librairies de cette génération, fortement incarnées par leurs fondateurs, La Machine à lire est toutefois confrontée, au début des années 2000, au défi de la transmission. Au terme des quatre années de péripéties, la librairie est rachetée en 2008 par une fidèle cliente de la librairie, Hélène de Ligneris, qui a mobilisé la jolie somme d'argent qu'elle vient de recevoir en héritage. Celle-ci la dirige depuis en respectant son identité tout en s'efforçant d'en faire un lieu ouvert et accueillant.

Après une rénovation des locaux en 2010, Hélène de Ligneris a développé les rencontres et les animations ainsi que les partenariats hors les murs. La librairie participe aux manifestations Escale du livre et Lire en poche. Elle intervient aussi plusieurs fois par an en milieu carcéral aux côtés d'auteurs. Reflétant la fibre sociale de sa directrice, qui auparavant dirigeait une entreprise de réinsertion par l'emploi, ces évolutions, inscrites dans l'air du temps, témoignent des efforts des libraires pour rendre leurs magasins plus chaleureux. Au 122e rang de notre dernier classement Livres Hebdo des librairies, La Machine à lire présente 25 000 références et réalise un chiffre d'affaires d'1,6 million d'euros. Hélène de Ligneris a repris deux autres points de vente, devenus La Petite machine, dépôt de presse agrémenté d'un rayon livres, et La Machine à musique-Lignerolles (ex-Harmonia Mundi). C. N.

Langon, sortie de prison

Installée en 1979 dans les murs d'une ancienne prison pour femmes, la bibliothèque de Langon (Gironde) est longtemps restée simple médiathèque d'une commune de 7 000 habitants. Intégrée en 2008 au réseau intercommunal du Pays de Langon, elle est depuis deux ans la tête du réseau de lecture publique de la Communauté de communes du Sud Gironde, regroupant 13 bibliothèques pour un bassin de 40 000 habitants. « La figure de Jocelyne Hubert, formatrice à l'IUT Bordeaux Montaigne, est indissociable de notre structure, qu'elle a dirigée jusqu'en 2017 », relève Anaïs Rous, qui lui a succédé avant de prendre en janvier dernier la direction des affaires culturelles de la ville. Au-delà du nouveau catalogue commun, la fusion a accéléré les projets de modernisation : après la livraison du nouvel équipement de Préchac, 120 m2 en janvier 2020, la tête de réseau fera à son tour peau neuve, passant de 200 à 1 100 m2. M. D.

Diderot (Paris), BM jeunesse

Bibliothèque Diderot, à Paris- Photo DR

La bibliothèque municipale Diderot a ouvert le 16 janvier 1979 dans le 12e arrondissement de Paris. Installée dans un bâtiment de 140 m2 attenant à l'école du même nom, elle fait partie des établissements spécialisés en jeunesse qui se créent à l'époque dans le réseau de lecture publique pour assurer dans la capitale un maillage de lieux destinés au jeune public. Elle est alors ouverte largement, 30h30 du mardi au samedi, jusqu'à 19h30 les jours de semaine. Si ses horaires se sont un peu réduits, la bibliothèque n'a rien perdu de son dynamisme. Elle propose un vaste programme d'activités, en particulier en direction de la petite enfance. La bibliothèque Diderot travaille en réseau avec les deux autres bibliothèques de l'arrondissement au sein de Synergie 12. En 2018, elle a -réalisé 76 000 prêts. V. H.

Le CPE, organisme fédérateur

Armand Lanoux, premier président du CPE.- Photo F. PRIVAT/GRASSET/ARCHIVES LIVRES HEBDO

« Le Conseil Permanent des Ecrivains s'est fixé pour mission de rassembler l'ensemble des organismes ayant pour but de défendre les écrivains, les illustrateurs et les auteurs de l'écrit et du livre », annonce le préambule des statuts de l'association créée le 22 février 1979. Le CPE veut défendre « les intérêts généraux et particuliers des auteurs », étudier et résoudre toutes leurs « questions professionnelles, sociales, socioculturelles, économiques et juridiques. »

Présidé par Armand Lanoux, prix Goncourt 1963, le CPE réunit initialement la Société des gens de lettres, le Syndicat des écrivains de langue française, le Syndicat des écrivains professionnels, l'Union des écrivains, la Société française des traducteurs, l'Association des traducteurs littéraires de France et le Syndicat des critiques littéraires. L'assemblage entre des associations aux références idéologiques divergentes n'est pas évident à l'époque, mais il témoigne d'une prise de conscience : il y a urgence à s'unir pour défendre le montant des droits d'auteur dont le calcul risque d'être bouleversé par la fin du « prix conseillé » du livre, décidée par le gouvernement Monory pour le 1er juillet suivant.

Preuve de l'efficacité de la méthode, un accord est trouvé avec le Syndicat national de l'édition en juin 1979, qui ouvre un cycle de négociation sur d'autres sujets tel le Code des usages, approuvé le 15 décembre 1980. La révision de ce texte est à la base du nouveau contrat d'édition en vigueur depuis 2014. Associé aux éditeurs favorables à un retour du prix réglementé du livre, le CPE joue aussi un rôle important pour préparer la loi Lang sur le prix unique du livre, votée le 1er juillet 1981. Il est également à l'origine de la création, en 1986, de la Maison des écrivains.

Une partie des organismes fondateurs du CPE a aujourd'hui disparu. Mais, après une phase de repli, le CPE s'est réaffirmé comme une fédération large, rassemblant 19 syndicats ou sociétés d'auteurs. Chacun « sait combien il est difficile d'agir au nom des écrivains, combien ceux-ci sont individualistes, peu prompts à défendre sinon leurs intérêts, du moins les intérêts généraux de la profession », constatait en 1989 son président d'alors, Maurice Cury. H. H.

« Bouquins » grâce à l'Integra

Une Histoire de la musique Couv- Photo DR/ROBERT LAFFONT

En 1976, l'éditeur Guy Schoeller, ex-mari de Françoise Sagan, découvre dans la vitrine de la librairie londonienne Foyles une édition du Capital de Karl Marx publiée par Penguin en un volume à la fois très épais et très souple, sur papier bible. Il contacte l'imprimeur, qui utilise une colle et un procédé de brochage tout nouveaux. Le système Integra permet de garder ouvert un livre de 1 200 pages sans casser la couverture. L'éditeur le propose à Laffont : « Bouquins » est lancée avec son premier titre, Une histoire de la musique, par Lucien Rebatet.

L'ambition de Guy Schoeller pour cette « Pléiade du peuple » est d'embrasser tous les savoirs. « Il avait l'intuition qu'il fallait proposer au lecteur une sorte de collection idéale, recouvrant tous les domaines à un prix relativement accessible », se souvient Jean-Luc Barré, qui dirige la collection depuis 2008.

En 40 ans, 600 volumes ont été publiés, dont des best-sellers tels Le dictionnaire des symboles (750 000 ventes depuis 1992), L'histoire universelle des chiffres (500 000 ventes depuis 1994), Tout l'opéra (200 000 ventes depuis 1980). Le succès de la collection inspire « Quarto » à Gallimard et « Omnibus » aux Presses de la Cité. Internet ne l'a pas détrônée puisque 60 % du chiffre d'affaires de « Bouquins » est toujours réalisé avec le fonds. La collection qui s'enrichit d'une vingtaine de nouveautés annuelles s'est ouverte aux auteurs contemporains comme Tom Wolfe et Jean-Marie Rouart, aux philosophes, aux musiciens ou aux scientifiques. Elle ose des thématiques comme la boxe ou les Jésuites, et fait œuvre littéraire en proposant le 19 septembre l'intégrale du journal de Julien Green non expurgé. Elle est même devenue une marque, se déclinant pour son anniversaire en collectors et en cycle de conférences. C. C.

L'Atalante du cinéma à la SF

Librairie l'Atalante- Photo DR/L'ATALANTE

« Un peu par hasard », Pierre -Michaut ouvre en mars 1979 à Nantes une minuscule librairie de 15 m2 dédiée au cinéma, à laquelle il donne le nom d'un film de Jean Vigo. Quelques années après, déplorant une offre limitée dans ce domaine, il crée une maison d'édition qui porte le même nom. Son premier titre, Les mémoires de Groucho Marx, est un succès. Mais rapidement, L'Atalante s'intéresse aussi aux littératures de l'imaginaire, à la science-fiction et au polar.

La montée en puissance de la SF sur le marché français conduit même ce département de la maison à prendre peu à peu le pas sur les autres au sein de L'Atalante. Celle-ci devient une référence dans ce secteur au point qu'aujourd'hui, la librairie, installée sur 70 m2, s'apprête à fermer son rayon cinéma au profit du polar et de la SF. Pour assurer l'avenir de son entreprise, Pierre Michaut a aussi décidé en 2012 de transformer L'Atalante en société coopérative et participative. Un statut de plus en plus répandu dans la profession. C. N.

Roubaix, novateur toujours

La Médiathèque de Roubaix en1979 et aujourd'hui.- Photo DR/MÉDIATHÈQUE DE ROUBAIX

Quand elle est inaugurée en mai 1979, la bibliothèque municipale de Roubaix a déjà une longue histoire derrière elle. Dans cette ville ouvrière qui a connu un essor démographique colossal, passant de 8 000 habitants au XVIIIe siècle à 125 000 au début du XXe siècle, la première bibliothèque d'instruction publique voit le jour en 1856. Elle ferme quelques années plus tard, en 1890, laissant la ville sans bibliothèque jusqu'en 1959, soit près de 70 ans. A cette date, la municipalité achète un bâtiment sur la grande place de la ville et recrute un directeur qui élabore un projet novateur pour l'époque : collections entièrement en accès libre, adoption de la classification Dewey. Le succès auprès du public est immédiat et la bibliothèque devient un modèle à l'échelle nationale, visitée par des délégations entières de professionnels.

En 1972, l'établissement obtient de l'Etat d'entrer dans le cercle restreint des bibliothèques classées, non parce que, comme c'est le cas généralement, elle détient un fonds documentaire patrimonial, mais pour « son activité exceptionnelle au cours des dernières années ». L'activité reste soutenue et, très vite, la nécessité de doter la bibliothèque, complètement saturée, d'un nouveau bâtiment, s'impose. En mai 1979, elle intègre en plein centre-ville un nouvel édifice de 5 100 m2 sur quatre niveaux qui abrite également une discothèque, une vidéothèque et des salles polyvalentes. L'ensemble s'appelle Centre culturel du forum, ce qui lui vaut le surnom de « petit Beaubourg roubaisien ». Cette appellation marque la volonté des concepteurs du projet de ne pas réduire ce nouvel équipement culturel à la bibliothèque.

Ils prévoient, de manière assez précurseuse, que la bibliothèque soit aussi « un lieu de rencontre, de discussion, d'ouverture à des domaines autres que le livre, un forum d'idées en quelque sorte ». En 1989, l'établissement prend le nom de médiathèque municipale de Roubaix. Dans les années 2000, il sature à nouveau, son aménagement intérieur se révèle daté et inapte à intégrer les nouveaux services et les nouveaux usages qui se sont développés en bibliothèque en ce début de XXIe siècle. La bibliothèque élabore, dans le cadre de sa labellisation comme Bibliothèque numérique de référence, un ambitieux programme de rénovation et un nouveau projet d'établissement très inspiré par les bibliothèques d'Europe du nord que l'équipe visite. Le rez-de-chaussée, entièrement transformé, passe de 160 à 1 200 m2 d'espace pour le public. Les collections sont redistribuées sur tous les étages, offrant un nouveau parcours documentaire. De nouveau services sont créés, notamment numériques. L'équipement rénové ouvre en 2015 sous le nom de médiathèque de la Grand'Plage, avec des horaires très étendus, 50 heures par semaine, se montrant là encore en avance sur la vague des extensions horaires suscitées par la politique nationale de l'Etat au cours des deux dernières années.

L'équipe poursuit sa démarche d'amélioration continue et travaille maintenant au programme « La Grand'Plage 2025 ». Celui-ci envisage l'intégration des archives municipales qui s'installeraient dans un bâtiment adjacent à la médiathèque, qui reste à construire. Elle doit aussi répondre à plusieurs grands défis communs aux établissements de lecture publique aujourd'hui, notamment dans le domaine de l'inclusion numérique. Rançon de son succès, elle doit aussi gérer l'accueil et la cohabitation de publics très divers, parfois peu familiers des bibliothèques et de la manière de s'y comporter, tels que ces adolescents  arrivant en foule à la sortie du collège, et semant régulièrement le trouble. V. H.

Terre vivante, tôt écolo

L'équipe de Terre vivante.- Photo TOUS DROITS RESERVES

A la fois éditeur de livres et de revues et centre d'apprentissage à Mens, au pied du Vercors, Terre vivante cultive depuis quatre décennies sa différence sur le marché de l'écologie pratique. Si les questions du respect de l'environnement irriguent désormais toute la société, « lorsque les statuts de l'association ont été déposés en 1979, cinq ans seulement après la première candidature d'un écologiste à la présidentielle, nous sortions à peine de l'image du larzacien barbu », sourit Olivier Blanche, le quatrième directeur général de l'entreprise.

Aux origines de la Scop de 34 salariés, qui réalise aujourd'hui plus de 5,7 millions d'euros de chiffre d'affaires, on trouve sept associés issus de l'association Nature et Progrès, regroupant des pionniers de l'agriculture biologique. La revue Les quatre saisons du jardinage bio, qui paraît à partir de 1980, puis les premiers livres pour jardiner sans pesticides, dès 1982, sont un moyen de diffuser les idées qui animent le collectif. 1992 marque un tournant pour l'association parisienne, qui a commencé à ouvrir sa ligne à l'alimentation saine et à l'habitat écologique. « Karin Mündt et Claude Aubert, l'âme intellectuelle de Terre vivante, ont pensé qu'ils gagneraient en crédibilité en mettant en application leurs principes. Ils ont fait leurs valises pour l'Isère, et créé le centre Terre vivante comme un laboratoire in vivo, où prolonger au niveau domestique ce qui était fait dans l'agroécologie », détaille Olivier Blanche.

Proche de l'association Terre et humanisme (1994), bâtie autour de Pierre Rabhi, ou des publications du « Domaine du possible » (2011) chez Actes Sud, Terre vivante assume son rôle de précurseur, entre la construction d'éco-hébergements à Mens, la nouvelle collection à petit prix « Champs d'action » et l'évolution de la revue, devenue en 2018 4 Saisons - Jardin bio, permaculture, alternatives. Elle ne prend pas ombrage de la démocratisation de ses idées. Selon son directeur, « l'écologie est partout. C'est un petit peu plus difficile de se démarquer, mais c'est positif pour la planète. » M. D.

Si jeunes Gens de la Lune

Librairie Gens de la lune- Photo DR/GENS DE LA LUNE

Créée fin 1979 par Bernard et Geneviève Kirchhoffer, alors à la tête d'un magasin de jouets, Gens de la Lune, à Nevers, compte parmi les premières librairies spécialisées jeunesse. Son ouverture intervient à une époque où l'offre de livres pour la jeunesse, encore limitée, commence à connaître un fort développement devant la demande croissante de parents soucieux de proposer à leurs enfants des lectures diversifiées. En 1981, Gens de la Lune participe avec une trentaine d'autres confrères à la création de l'Association des librairies spécialisées pour la jeunesse (ALSJ), qui entend promouvoir une littérature pour enfants de qualité. Parallèlement, la librairie neversoise s'ouvre à la BD jeunesse et, à partir des années quatre-vingt-dix, à la BD adulte. En 2012, Bernard et Geneviève Kirchhoffer cèdent Gens de la Lune à Wilfried Séjeau, qui avait déjà repris quatre ans plus tôt à Nevers la librairie généraliste Le Cyprès. Complémentaires, les deux magasins réalisent aujourd'hui ensemble un chiffre d'affaires de 860 000 euros. C. N.

A.-M. Métailié : en famille

Nus, féroces et anthro-pophages de Hans Staden, le premier titre publié par Métailié.- Photo DR/MÉTALILIÉ

Quand Anne-Marie Métailié fonde sa maison en 1979, elle veut publier des sciences humaines et sociales pour un grand public cultivé. Elle s'est découvert une passion pour l'édition, dont elle ignore tout, grâce à Jérôme Lindon. Le P-DG de Minuit a tout fait pour la décourager mais parle de ses auteurs avec ferveur. Peu de femmes font ce pari à l'époque : « Il n'y avait que Régine Deforges et moi » souligne-t-elle.

Les ventes de sciences humaines partant en chute libre, l'éditrice se tourne en pionnière vers la littérature étrangère, alors peu reconnue. Diplômée de portugais et d'espagnol, elle découvre de grands auteurs lusophones tels José Saramago, Lidia Jorge, Lobo Antunes, et toute une génération d'auteurs latino-américains dont Luis Sepulveda (4 millions de ventes). Suivront des polars signés par Leonardo Padura, Arnaldur Indridason, Hannelore Cayre ou Olivier Truc.

Alors que la littérature étrangère a acquis ses lettres de noblesse, qu'elle participe à la rentrée littéraire et à la course aux prix mais connaît une concurrence aiguë, Anne-Marie Métailié refuse de participer aux enchères. Elle travaille avec ses auteurs, ses traducteurs et ses confrères étrangers... en famille. C. C.

Une BCP pour servir la Creuse

La couverture du dépliant annonçant l'ouverture de la BCP de la Creuse en 1979.- Photo DR/BDP DE LA CREUSE

L'actuelle Bibliothèque départementale de la Creuse ouvre fin 1979 à Guéret dans l'ancienne caserne des pompiers sous le nom de Bibliothèque centrale de prêt (BCP) de la Creuse. Elle fait partie des établissements que l'Etat crée entre 1945 et 1985 dans chaque département français (sauf à Paris et dans les départements limitrophes) pour assurer un service de lecture publique à l'échelle départementale. Le nouvel équipement met alors en place le service départemental de lecture publique par prêt direct au public dans 120 points ainsi que dans quelques bibliothèques municipales. Il assure également une forte desserte des écoles, même si cette mission ne fait plus partie des compétences officielles des BCP depuis 1978, et rédige son premier Plan de développement de la lecture dès 1984. Les BCP sont transférées aux départements au 1er janvier 1986 dans le cadre de la décentralisation. La BCP de la Creuse prend le nom de Bibliothèque départementale de prêt en 1994, puis de Bibliothèque départementale de la Creuse (BDC) en 2004, marquant ainsi l'extension de ses missions.

Dans ce département très rural de 120 000 habitants dont la plus grande ville est Guéret, 13 000 administrés, la BDC continue d'apporter aux collectivités territoriales son ingénierie et poursuit le travail de maillage territorial en équipements de lecture publique adaptés. L'émergence de lieux hybrides, reposant sur la mutualisation des bibliothèques avec d'autres services, notamment les agences postales ou les maisons de services au public, est encouragée. V. H.

Le Regard, un œil sur la création

José Alvarez- Photo JÉRÉMIE NASSIF

Proche du mouvement de la figuration narrative, José Alvarez, qui hésitait entre le cinéma et l'édition, publie à la rentrée 1979 son premier titre, sur le peintre photographe et créateur de mode espagnol Mariano Fortuny, aux éditions du Regard qu'il a créées en 1978. Si l'on excepte Mazenod et le Chêne, il n'y a alors quasiment pas d'éditeurs spécialisés en art en France. Depuis, avec près de 900 titres édités, Le Regard continue de couvrir la création contemporaine, tous arts visuels confondus, lui qui fut le premier à publier des monographiques de couturiers comme Dior, d'architectes comme Jean Nouvel ou Christian de Portzamparc. « Nous sommes nés dans un désert en matière de livre d'art, nous avons connu la grande effervescence de la fin des années 1980 et 1990, puis le déclin depuis 2000 car il est désormais presque impossible de faire un livre sans être préfinancé », résume José -Alvarez. A.-L. W.

Adieu papet' à la Cédille

Librairie La Cédille àCluses- Photo DR/LA CÉDILLE

En décembre 1979, Bernard Gavard ouvre la Cédille dans un petit local à Cluses, dans la vallée de l'Arve, en Haute-Savoie. Cette librairie généraliste et scolaire, avec un rayon papeterie, va s'agrandir par deux fois en reprenant des locaux adjacents. Surtout, reprise en 2010 par un banquier de formation, Jérémie Boddèle, qui en est toujours le propriétaire et gérant, elle abandonne le rayon papeterie et développe le livre alors que son activité dans le scolaire diminue au gré des réformes régionales d'acquisition des manuels. Sur 180 m2, la Cédille réalise, avec trois collaborateurs, un chiffre d'affaires annuel de 500 000 euros. Elle demeure l'une des deux dernières librairies de Cluses avec Jules et Jim. C. N.

Grand-Quevilly, en phase

Médiathèque du Grand-Quevilly.- Photo DR/MÉDIATHÈQUE DU GRAND-QUEVILLY

La bibliothèque de Grand-Quevilly, petite ville de 26 000 habitants dans la banlieue sud de Rouen, a toujours été en phase avec les évolutions des établissements municipaux. Dès sa création, en 1979, elle est l'une des premières à proposer de la musique avec une collection de vinyles, qui dort aujourd'hui dans les réserves, et de la vidéo via un partenariat avec la BPI. Patricia Lancestre qui a monté la bibliothèque dans les années 1970 et y a travaillé jusqu'à sa retraite en 2014, se souvient que l'établissement a suivi très tôt aussi bien dans son offre que dans son aménagement, les virages de la lecture publique : arrivée des CD, informatisation de l'administration, cédéroms, internet... jusqu'au passage au 3e lieu, menée par sa successeuse, Lise -Pageyral. La médiathèque François Mitterrand, nom donné dans les -années 1990 par le maire Laurent -Fabius, a été rénovée fin 2016 et a adapté ses -services, gagnant en fréquentation avec près de 90 000 entrées l'an passé. A.-L. W.

La Fnac Forum, fausse jumelle

La Fnac des Halles en 1979 et aujourd'hui.- Photo DR/FNAC

« Le Forum des Halles, dernier né des magasins Fnac, ouvre ses portes le jour même où paraît notre premier numéro de Livres Hebdo. » L'information est tirée de notre magazine du 4 septembre 1979, qui avait consacré presqu'une page à la présentation de cette fausse jumelle : un point de vente de 11 000 m2 avec un espace librairie « couvrant 1 700 m2 de surface de vente sur un seul niveau et exposant 120 000 titres ».

Situé au cœur de Paris, à côté de Beaubourg, dans un centre commercial ultramoderne rendu accessible au plus grand nombre par l'arrivée du RER, cet ambitieux magasin confirmait la volonté de la Fnac de révolutionner le commerce du livre. Cinq ans après l'ouverture d'une première librairie dans sa succursale de Montparnasse, la chaîne enfonce le clou avec celle du Forum des Halles. Riche d'une offre d'une ampleur inégalée vendue en libre-service, elle pratique des rabais systématiques de 20 % à une époque où le prix des livres est fixé par les détaillants. La politique de discount menée par la Fnac déclenche une guerre tarifaire d'autant plus forte que les grandes surfaces non spécialisées se mettent à leur tour à vendre de livres. Les violentes polémiques suscitées par ces pratiques et la mobilisation des éditeurs et d'une partie des libraires aboutissent en 1981 à une loi décisive instaurant le prix unique, la loi Lang.

Mais la Fnac influence aussi le commerce du livre par les nouvelles méthodes de vente qu'elle déploie au Forum des Halles. Comme l'explique l'enseigne dans sa revue Contact de septembre 1979, « l'invention de Fnac Forum » a donné lieu à « deux ans de débats » afin de rendre le magasin attractif et d'y « développer la notion de shopping détente ». Innovant avec un aménagement alvéolaire, la Fna c Forum se structure « comme un quartier commerçant avec des espaces de circulation autour desquels s'articulent des boutiques spécialisées ». Revendiquant une relation commerciale basée sur la confiance et l'échange, la Fnac favorise également alors le rôle de guide et de conseil de ses vendeurs et multiplie les rencontres avec les auteurs qu'elle accueille dans un auditorium de 250 m2 au sein du magasin Forum. Au début des années 2000, lors de la restructuration de ce vaisseau amiral de la chaîne, elle porte à 4 000 m2 la surface de la librairie. Aujourd'hui, alors que la Fnac compte 286 magasins, dont 192 en France, celui des Halles reste encore, selon la direction, « le premier point de vente de livres en nombre de références et en chiffre d'affaires ».

Fort de son succès auprès des consommateurs, le modèle commercial de la Fnac a conduit le monde de la librairie à accélérer sa modernisation et a fait école auprès d'autres enseignes dont les espaces culturels Leclerc et Cultura. Il s'est aussi banalisé et les différents changements dans son actionnariat, qui ont abouti à l'entrée en bourse du groupe en 2013, en ont modifié la philosophie, désormais essentiellement fondée sur la rentabilité tandis que la reprise de Darty en 2016 a accéléré sa diversification. Avec à la fois des produits culturels, électroniques et électroménagers, Fnac-Darty a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 7,4 milliards d'euros. C. N.

Clermont-Auvergne Université : un fort ancrage local

La salle de la bibliothèque Histoire de Clermont Université en 1979.- Photo DR/BCU

Créée par arrêté du ministre des universités le 20 mars 1979, la bibliothèque interuniversitaire de Clermont-Ferrand dispose alors de son propre budget et compte parmi ses missions un conventionnement avec la ville de Clermont-Ferrand par lequel elle prend en charge certains aspects de la lecture publique, notamment en matière de formation des personnels. Elle perd cette mission par la suite, mais continue de mener une politique très volontariste de collaboration avec les établissements de lecture publique, mettant sur pied des partenariats avec des collectivités territoriales comme Montluçon, le département du Puy-de-Dôme et Clermont-Auvergne métropole. Elle est également très investie dans les domaines du handicap et de la culture scientifique.

Lors de la fusion des deux universités clermontoises en janvier 2017, l'établissement prend le nom de Bibliothèque de l'Université de Clermont-Auvergne (Uca). Au fil des années, elle a fait évoluer son projet d'établissement et ses services pour répondre à l'essor du système universitaire clermontois, qui accueille aujourd'hui 35 000 étudiants, contre 15 000 en 1979. Elle a modernisé ses locaux, réorganisé son réseau qui compte à l'heure actuelle 14 implantations. Inexistant en 1979, le numérique est devenu une composante majeure de son offre documentaire et de services. 9 personnes, bibliothécaires, ingénieurs et techniciens travaillent pour sa bibliothèque numérique, qui regroupe les bases de données documentaires, les documents de la bibliothèque numérisés, le site web et le service d'aide à la recherche. Le site web de la BU a reçu en 2018 environ 300 000 visites. La bibliothèque travaille actuellement, en collaboration avec le service de l'innovation pédagogique et le service d'orientation, au projet d'un nouvel équipement en centre-ville. V. H.

Picollec, les Bretons d'abord

Jean Picollec en 1979- Photo ARCHIVES LIVRES HEBDO/JEAN MONIER

Fils d'un marin-pêcheur de Concarneau, Jean Picollec, lance la maison qui porte son nom pour « publier des documents d'histoire contemporaine sans a priori ». Il se targue d'éditer simultanément un journaliste de L'Humanité et un éditorialiste de Minute. Un positionnement qui reste aujourd'hui déconcertant. Il ouvre son catalogue avec un spécialiste de l'aéronautique, Bernard Marck, puis une certaine Irène Le Pohon, le nom de jeune fille d'Irène Frain, qui publie chez lui son premier livre, Les contes du cheval bleu, des récits traditionnels bretons. Celui qui fut secrétaire général de l'association des éditeurs bretons a beaucoup œuvré pour sa terre natale. Il a été à l'initiative du premier stand régional au salon du livre de Paris. En 40 ans, la maison qui publie aujourd'hui 8 titres par an a connu un succès planétaire. Initialement prévu en mars 2001, après trois années de travail, mais retardé par un concours de circonstances, Au nom d'Oussama Ben Laden, de Roland Jacquard est paru le 12 septembre, quelques heures après l'attentat du World Trade Center. Le titre se vendra à 250 000 exemplaires et sera traduit en 29 langues. A.-L. W. W

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