Ligne rouge, ligne 12. « Accident grave de voyageur », nous serinent chaque jour les rames du métro parisien, pour nous expliquer qu'une fois encore nous serons à la bourre au boulot ou à notre rencart du jour, pour euphémiser surtout qu'un inconnu désespéré vient de se balancer sur les voies. Mis à part les annonces sonores et les délais de perturbation du trafic, rien n'a changé en presque un siècle, depuis ce mois d'avril 1931 et le suicide du grand-père de Basile et Baptiste Rolzen. La Compagnie du métropolitain parisien n'est pas encore la RATP, mais ses lignes tentaculaires et ses ateliers de maintenance se développent bientôt jusqu'aux limites de la ville. C'est dans un de ces dépôts, du côté de Vaugirard, que chavireront le cœur et le destin de Séverine Thomas. Amoureuse de l'un des frangins Rolzen, elle plongera aveuglément dans des manigances collatérales qui la conduiront en prison puis vers la médiocrité d'une vie cassée. L'annonce du meurtre de Basile la remet sur les rails souterrains de leur passé commun, ceux du Nord-Sud, l'actuelle ligne 12. Et c'est donc le rythme des wagons qui ponctue la partition en blues majeur de ces mélodies en sous-sol faites de phrases courtes et simples, conjuguées au présent percutant, mitraillées en un joli découpage très cinématographique et déclinées sur un tempo proche de celui des textes de Marc Villard - Anne Secret a d'ailleurs publié trois novelas dans la collection « Polaroid » dirigée par ce dernier aux éditions In8 : Moskova, La chanceuse et Petite plage. Métro, c'est t(r)op !