En cet été 1959, les mouches sont nombreuses dans le département du Var. Joël les attrape au vol et finit toujours par les relâcher. Le héros du beau premier roman de Daniel Parokia a 17 ans passés. Il séjourne dans une villa cachée dans les feuillages, non loin de la petite crique du Canadel. Son quotidien change du tout au tout lorsque la Floride bleue décapotée de Gilles et Liliane Blin percute la 403 gris clair de ses parents.
Gilles et Liliane sont jumeaux, ils ont bientôt 20 ans. Lui doit ensuite partir en Algérie, elle fait des études de concertiste. Joël a du mal à résister au charme de la demoiselle qui bat des cils dans la lumière, passe sa langue sur ses lèvres humides alors qu’elle se refait les ongles, bronze seins nus. Le trio est bientôt rejoint par Antoine Craig, architecte de 27 ans. Puis par Evelyne, une cousine des Blin aux doux yeux verts, qui terminera première dauphine lors de l’élection de Miss Canadel : ce n’est pas rien. A leur programme : baignade, tennis, virée à Saint-Tropez. Et même à Monaco, avec l’espoir de gagner au casino en jouant à la roulette. L’occasion de croiser Sarah Sanders, golfeuse anglaise au charmant accent.
Avant de rejoindre le grand soleil est une affaire de sensations, de lumières et de parfums. Celui, entêtant, d’ambre solaire dont on se badigeonne alors la peau. En fond sonore, Doris Day chante Que sera, sera. Ne pas croire que le farniente est roi et que les nuages sont aux abonnés absents. Il y aura ici des disparitions, des évaporations, des enivrements. Le coup d’essai plus que réussi de Daniel Parokia se déroule avant les fissures, les fêlures. Avant la chute.
Al. F.
