Incontournable de la littérature jeune adulte, la dark romance fait parler autant qu’elle fait vendre. Mais sa mise en scène des relations amoureuses, sombre et teintée de violence, interroge : ne revient-elle pas à « glamouriser » des comportements toxiques, et n'est-elle pas le symptôme d’un recul du féminisme dans la nouvelle génération de lectrices ?
Face à ce phénomène de société mondial, la riposte s’organise : dans le monde anglo-saxon, la Clean romance, un autre sous-genre de fiction sentimentale, dépeint des histoires d’amour apaisées et bienveillantes. La nouvelle collection d’Albin Michel Jeunesse, « Teen Romance », ambitionne d’étendre cette tendance à la France, en s’adressant à un public plus jeune, celui des 11-14 ans.
Une romance « pleine de green flags »
« On a complètement perdu ce lectorat », déplore Karine Van Wormhoudt, directrice adjointe du département jeunesse des éditions Albin Michel, et créatrice de la collection. À défaut d’avoir des romances qui leur sont directement adressées, les préadolescents n’auraient d’autre choix que de jeter leur dévolu sur la dark romance pour jeunes adultes. « On le constate en dédicace et en librairie, développe Karine Van Wormhoudt. Les lecteurs sont de plus en plus jeunes, et du fait de leur manque d’expérience, vont avoir du mal à faire la part des choses entre ce qui est toxique ou non. »
« Teen Romance » fait la part belle aux « green flags », soit les caractéristiques d’un amour sain, fondé sur l’entraide, tout en conservant ce qui fait le sel des romances estampillées jeunes adultes : la fluidité du style d’écriture, des personnages vivant leurs premières expériences, et des rebondissements. Selon Karine Van Wormhoudt, la noirceur ne sera pas absente des récits, mais sera nommée, et condamnée. « La seule chose que l’on s’interdit, ce sont les scènes des sexes. Le désir est présent, mais il n’y a rien de cru. »
La collection sera inaugurée le 1er avril avec T’aimer à l’infini de Sophie Jomain, l’histoire d’une adolescente quittant sa Provence natale pour Lille avec sa famille. Elle y vivra bien des aventures… Publiée aux éditions Charleston, l’autrice française donne justement dans la romance feel good. Ses deux Romances de L’Avent se sont écoulées à plus de 100 000 exemplaires, et son dernier roman pour adolescents, 31 jours pour s’aimer, à 40 000.
« Teen Romance » visera ensuite un rythme de publication de trois à six titres par an. Ses prochaines sorties seront des romances contemporaines écrites par des auteurs francophones.
