Dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582, « on reboote le calendrier ». Cette nuit-là où est entré en vigueur l'actuel calendrier grégorien, onze jours, les onze jours de retard sur les équinoxes qu'avait accumulés le calendrier précédent dit julien, sont effacés. Cette ellipse de dates donne son titre au drôle de livre de Didier da Silva : un agenda, éphémérides aux 366 entrées de taille variable, issu remanié du blog Danses de travers que l'écrivain a tenu pendant plusieurs années et alimente désormais de loin en loin.
A sa manière à la fois maniaque et distanciée, sérieuse et légère, l'écrivain y explore une forme ludique de concordance des temps, ou pourrait-on dire de concordanse des temps. Car c'est un véritable ballet de naissances et de morts, d'anniversaires en tout genre, entrelacement et télescopage de dizaines de noms, de vies, d'événements, parfois très éloignés dans l'espace et le temps, qui se retrouvent liés par une date et autour de points communs ironiques, d'associations absurdes que l'écrivain imagine. Des hommes et des femmes, des savants et des artistes, des écrivains et des penseurs, des animaux et des plantes, des œuvres et des découvertes, assorties de bouts de biographies, de chansons, de citations...
Des faits d'histoire marquants et d'autres anecdotiques. Des « individus estimables », d'autres moins. « Carnet rose, carnet noir, il y a des jours qui ne disent rien, peuplés de personnalités de seconde main ou trop éloignées, si curieux qu'on soit, des amours comme des intérêts du mémorialiste, qui doit alors se creuser la tête pour trouver matière à rêver ; d'autres au contraire regorgent d'individus recommandables et il suffit alors de les faire défiler... ». Car s'esquisse aussi dans le hasard de ce calendrier personnel, à travers le choix des rapprochements et des coïncidences dont Didier da Silva, né en 1973 (un 17 novembre), avait déjà joué avec virtuosité dans L'ironie du sort (L'arbre vengeur, 2014), le portrait d'un curieux, d'un amateur éclairé de cinéma et de musique notamment. « Aussi arbitraire qu'un abécédaire, non moins précieuse qu'un dictionnaire, son entreprise est également un agenda sans date de péremption, donc perpétuel » note Jean Echenoz qui signe la préface. Le même Echenoz à qui était dédié Louange et épuisement d'Un jour sans fin (Hélium, 2015), le livre hommage à la comédie romantique culte d'Harold Ramis : une autre histoire de voyage en boucle infinie dans le temps.
Dans la nuit du 4 au 15 - Préface de Jean Echenoz
Quidam éditeur
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 20 euros ; 262 p.
ISBN: 9782374910970