Qui peut convier à son mariage Carla Bruni, organiser une conférence de presse dans un supermarché Casino, s'improviser chanteur, puis acteur à succès, exposer les jouets de son chien au palais de Tokyo, rendre hype son physique de « vieille tortue malade », avoir deux dates de naissance, faire les choux gras de la presse people ou retarder le 20 heures le temps de lire un poème ? Une star, assurément. Michel Houellebecq, en l'occurrence.

« Il peut tout se permettre », assurait à son sujet Pierre Assouline en 2015 sur RTL. En vingt ans, celui que Philippe Lançon dépeint dans Libération en « dandy réac, moraliste et vintage », s'est imposé comme une icône dont l'aura dépasse le milieu littéraire. A la fin des années 1990, des milliers de lecteurs se prennent de passion pour ses romans qui dissèquent les vices de l'époque, et ne tardent pas à découvrir un écrivain aussi explosif que ses histoires. A coups d'alcool, de propos crus et de provocs, naît le mythe de l'auteur infréquentable et dépressif, à l'humour corrosif, charriant un parfum de scandale qui séduit ou repousse, mais fascine toujours. La ferveur populaire grossit à mesure que les « affaires Houellebecq » se succèdent et que l'auteur s'improvise chanteur, acteur et muse d'Iggy Pop. Son image se décline sur des mugs et des tee-shirts, il s'impose à l'étranger comme l'Auteur français, suscite des biographies interdites, donne naissance à un adjectif, tandis que ses silences sont décryptés et que son retour, après un exil à l'étranger, donne lieu à une dépêche AFP.

A rebours d'une société qui valorise le bien-être, la réussite, la beauté et le politiquement correct, Michel Houellebecq cultive sa difficulté d'être, affiche son visage - enfantin ou sénile selon les jours - en une des Inrockuptibles comme de Valeurs actuelles, revendique des aspirations « définitivement classe moyenne », balade son éternelle parka et son sac Monoprix dans les hôtels Citadines et les dîners mondains. « C'est l'homme le plus rock que j'ai croisé ces dix dernières années ; libre, bizarre, seul dans sa catégorie », jugeait le chanteur Jean-Louis Aubert. P. L.

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