Ceux de 14
Flammarion
Les épreuves de la dernière guerre, loin de faire oublier celles de la précédente, les ont rappelées au souvenir des hommes d'aujourd'hui. Comment, avec le recul du temps, nous apparaît la guerre de 1914 ? Ce fut la guerre du fantassin, de la boue, de la sueur, du sang. Maurice Genevoix a connu ces épreuves en première ligne dès le 25 août 1914, à l'époque où le commandement, croyant encore à une guerre courte, ne ménageait guère la vie des hommes. Chef de section, puis commandant de compagnie dans un régiment d'infanterie, il a tenu les lignes dans la région de Verdun et particulièrement dans le secteur des Eparges, l'un des plus atroces de cette période. «Ceux de 14» n'est pas seulement, selon le jugement de Norton Cru, le meilleur des témoignages qui ait été fourni sur la guerre de 1914-1918 ; c'est aussi, malgré le souci d'éviter la «littérature», l'ouvrage d'un maître écrivain. Les dons d'évocation, de psychologie, de peinture des âmes et des situations qui devaient plus tard s'affirmer au cours d'une œuvre magnifique, brillent déjà ici de tout leur éclat. Ce qui fait le mérite particulier de cet ouvrage, c'est qu'il est avant tout humain. L'auteur, qui participe à la grande aventure de ses pareils, en fixe les traits avec une puissance d'expression, une générosité d'âme qui font de telles pages un mémorial inoubliable. Mémorial qui n'a rien d'inactuel. Rajeunie, purifiée, réduite à l'essentiel et par là même plus frappante, cette réédition de «Ceux de 14» prend place parmi les maîtres livres de cette époque.