Au-delà du fleuve et sous les arbres
Gallimard
«Ils passèrent dans la gondole, et ce fut de nouveau le même enchantement : la coque légère et le balancement soudain quand on monte, et l'équilibre des corps dans l'intimité noire une première fois puis une seconde, quand le gondoliere se mit à godiller, en faisant se coucher la gondole un peu sur le côté, pour mieux la tenir en main. - Voilà, dit la jeune fille. Nous sommes chez nous maintenant et je t'aime. Embrasse-moi et mets-y tout ton amour. Le colonel la tint serrée et la tête rejetée en arrière ; il l'embrassa jusqu'à ce que le baiser n'eût plus qu'un goût de désespoir.» «Il a fallu que Hemingway disparaisse de la façon que l'on sait pour donner tout son sens à ce livre. On comprend aujourd'hui quel sincère et profond chant de mort s'y exprimait. Reprenant vingt ans après les décors de L'Adieu aux armes, Hemingway écrivait un nouvel adieu, à la vie cette fois.» (Roger Grenier, Le Nouvel Observateur.)