L'adresse à la mère, à la mère disparue, laissant seule sa fille, est une sorte de genre littéraire en soi, illustré avec grâce dernièrement par Nathalie Kuperman (On était des poissons, Flammarion, 2021) ou Lisa Balavoine (Ceux qui s'aiment se laissent partir, Gallimard, 2022). Pourquoi pas, tant ces deuils-là sont de ceux qui construisent un authentique projet littéraire. C'est en tout cas ce qui apparaît, avec une énergie qui ne peut être que celle de la perte et du désespoir, à la lecture de ce diamant noir serti de tristesse et d'éclats de beauté pure qu'est Le dernier mot, par lequel son autrice, Virginie Mouzat, grande plume du journalisme de mode, se rapproche au plus près de sa vérité.
C'est cette vérité que la mère de la romancière, après s'être toujours sentie comme en décalage avec sa vie, a rejointe en mettant fin à ses jours, un triste novembre. Que laisse-t-elle ? Des souvenirs bien sûr, mais au fond, plutôt un geste, presque une figure de style. Un refus après trop d'acquiescements. Et puis aussi un mari, volage, léger, séduisant, exaspérant, amateur de coléoptères, des enfants, dont cette Virginie qui réclame d'elle tour à tour attention et oubli et ne sait être ni avec elle ni sans elle.
Virginie qui rend aujourd'hui à son héroïne perdue toute sa dignité écrivant : « Je préfère considérer qu'elle a raflé la mise, in extremis, mieux, que cet in extremis rend son acte encore plus éblouissant. » C'est ainsi par la force et la justesse d'une écriture que parfois on peut passer de la mode à la plus rare élégance.
Le dernier mot
Flammarion
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 19 € ; 176 p.
ISBN: 9782080292728